Va-t-on bientôt assister à la fin du cash?

À l’ère du numérique, l’argent liquide est de moins en moins utilisé. La crise du coronavirus a grandement participé au déclin du cash. Mais est-il carrément voué à disparaître?

par
Marie Bruyaux
Temps de lecture 4 min.

Sortir des billets de son portefeuille, voilà un geste qui se fait de plus en plus rare. Les moyens de paiements se numérisent et se diversifient. Paiements sans contact, virements instantanés, applis, cryptos: la concurrence est rude pour le cash! À cela s’est ajoutée la crise du coronavirus qui, à elle seule, et un an seulement, a fait chuter les paiements en espèces de 40% en Europe. Désormais, en Belgique, moins d’un paiement sur deux se fait encore en liquide.

Selon la société Batopin (un projet de Belfius, BNP Paribas Fortis, ING et KBC), la moitié des Belges (48%) n’ont en poche qu’entre 0 et 20€ maximum. Et il devient de plus en plus difficile de trouver un distributeur près de chez soi. Depuis le 1er juillet 2022, il est désormais possible de pouvoir payer électroniquement dans tous les commerces belges. On voit également le liquide disparaître à certains endroits. Depuis le 15janvier, il n’est par exemple plus autorisé de payer en cash aux caisses automatiques des magasins Delhaize. À partir du mois de mai, on ne pourra plus payer son ticket en liquide à bord des trains. Les paiements en espèces ont également été limités à 3.000€.

Des conséquences importantes

La disparition totale du cash inquiète beaucoup de monde car elle aurait des conséquences importantes sur notre quotidien. À commencer par les commerçants car les transactions par carte leur coûtent de l’argent. Certaines personnes sont également très dépendantes du cash, comme les seniors, des personnes en situation de handicap ou des personnes précarisées pour qui gérer un budget à l’euro près est plus facile en cash.

La fin de l’argent liquide signifierait aussi la fin des retraits aux distributeurs. Notre argent serait donc encore davantage contrôlé par les banques. «Si on ne peut plus retirer de cash de son compte, on pourrait par exemple nous imposer des intérêts négatifs sur l’ensemble de nos dépôts. Ce qui existe déjà, d’ailleurs, pour des montants élevés», explique Anne Fily, membre de Financité, à la RTBF. Le cash, qui est émis par les banques centrales, est un bien public, qui appartient à tous. Le système bancaire est quant à lui privé.

Bien sûr, la fin du cash permettrait aussi d’éviter les fraudes et le travail au noir, selon ses partisans. Et puis le liquide, ça coûte cher, et pas seulement pour les banques, relève Febelfin, la Fédaration belge du secteur financier: «Le cash coûte à chaque Européen environ 130€ par an. Ce montant implique la production, la distribution et la sécurisation du cash».

Pas pour demain

La fin du cash est-elle donc pour bientôt? Selon les spécialistes, ce ne sera pas pour demain! Tout d’abord, parce que le liquide reste quand même une référence pour de nombreux petits paiements quotidiens. Sa disparition exclurait en outre une partie de la population. C’est aussi un moyen pour certains de garder leurs finances sous contrôle et de mieux gérer leur budget. Sans compter que l’argent liquide reste également indispensable en cas de panne des terminaux de paiements.

Le cash offre enfin un certain anonymat apprécié qui garantit la protection des données personnelles. Et si le cash permet à certains de frauder, le numérique offre également un beau terrain de jeu aux cybercriminels.

En conclusion, on se dirigerait vraisemblablement plutôt vers une société «less cash» que «cash less» dans un futur proche. La survie des espèces dépendra toutefois de nos habitudes de paiement. Si vous ne voulez pas qu’elles disparaissent, veillez simplement à toujours en avoir sur vous!

Comment se feront les paiements dans le futur ?

Au-delà de la question du cash, vers quelle forme se dirige le paiement de demain? Il faudra qu’il soit rapide, simple et sécurisé. Les consommateurs veulent pouvoir payer n’importe où, n’importe quand et via un seul service. Dans les prochaines années, on devrait voir évoluer plusieurs sortes de paiements. Le paiement par carte commence déjà à devenir biométrique, avec les empreintes digitales pour remplacer le code pin. Le paiement sans contact devrait suivre cette évolution. Le virement instantané, qui répond aux nouveaux modes de consommation, va quant à lui s’installer durablement dans nos moyens de paiement. On assistera également à des développements technologiques pour faire évoluer les applis bancaires, le sans contact mais aussi les wallets crypto. Ces portefeuilles électroniques vont sans doute poursuivre leur essor en Europe. Ils constituent déjà 60% des moyens de paiements en Asie. Le paiement vocal pourrait lui aussi émerger grâce à l’utilisation croissante des assistants vocaux, montres ou enceintes connectées et bien sûr smartphones.

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