Caroline Rochet: Le guide pour (ne pas) devenir Parisien

par
Laura
Temps de lecture 4 min.

Malpolis, égocentriques, bobos, les Parisiens sont souvent victimes de leur réputation. À travers son livre «Comment (ne pas) devenir Parisien en huit leçons» et la BD «Parisiens Chéris», Caroline Rochet dépeint le quotidien de ceux qu'on aime tant détester. Une caricature amusante et terriblement ressemblante de nos voisins, qui a déjà été rééditée.

Avec «Comment (ne pas) devenir Parisien», le ton est donné. Le Parisien serait-il vraiment si terrible que ça?

«Les Parisiens n'ont pas une très bonne réputation et je dois dire qu'elle est quand même méritée. J'ai beau être Parisienne depuis mes trois ans, on peut constater qu'ils ont quand même quelques défauts. Quand on baigne dedans, on ne s'en rend pas compte mais je crois que c'est pour les autres que c'est terrible (rires).»

Blasés, prétentieux, égoïstes, vous n'y allez pas de main morte en les énumérant

«C'est vrai mais j'y vais avec un ton humoristique et plein de tendresse en mettant autant de qualités que de défauts même si je me moque beaucoup de nous. À partir du moment où on fait ce genre de livre, il faut y aller franco et il y avait plein de choses à dire. Je n'ai rien inventé.»

Pourquoi ce livre?

«À l'époque où j'ai commencé à le rédiger, j'avais quitté Paris pendant deux ans. Quand je suis revenue, j'ai été frappée par ce que j'entendais dire des Parisiens. En plus, je faisais de la publicité, je sortais beaucoup, j'étais journaliste société et culture et puis j'étais dans un magazine féminin, donc je traînais un peu avec les Parisiens de la pire espèce. Je parle du Parisien bobo, hype, modeux, nocturne, fêtard et tout. J'avais envie de raconter les Parisiens comme une espèce, pas en voie de disparition, mais particulière. Le dernier livre sur le sujet datait de 91, donc je me suis dit qu'il y avait encore des choses à écrire.»

Vous vous reconnaissez dans votre description?

«Ah oui, je crois que j'en ai encore quelques bons travers. Quand on a vécu 30 ans à Paris, on en garde des bons côtés et des séquelles.»

Vous avez également intégré quelques adresses incontournables dans votre livre

«Oui je trouvais cela plus vivant. Le but du livre c'est quand même ‘Comment (ne pas) devenir Parisien', il fallait les outils et dans les outils il y a les endroits où aller.»

C'est un peu un guide pour provinciaux et touristes?

«Exactement. Et d'ailleurs je suis hyper flattée quand on me dit: ‘Je suis venu faire mes études à Paris et un copain me l'a offert tout de suite pour que je me mette dans le bain'. Ça me fait hyper plaisir (rire).»

Vous avez également décidé de l'adapter en BD, pourquoi?

«Ce n'est pas vraiment une adaptation, c'est un prolongement. Le livre est vraiment un essai sur la société alors que dans la BD il y a de la fiction. C'est une autre façon de parler du sujet.»

En vous lisant, on a l'impression que les Parisiens font souvent le tour de Paris sans jamais la quitter

«Oui, quand ils quittent Paris, ils ont hâte d'y retourner. Ils adorent voyager dans des villes qui lui ressemblent comme New-York, Londres, Berlin… mais rien ne vaut la maison. Dès qu'ils passent le périf', ils sont en manque d'oxygène.»

Finalement on aime un peu les détester les Parisiens

«C'est vrai. C'est facile et c'est agréable mais après ils le rendent bien aussi aux habitants de province

Vous les rendez même attachants.

«Oui c'était le but du livre. J'étais quand même Parisienne, j'ai plein d'amis parisiens et j'avais aussi envie de montrer que ces petites ‘bêtes-là' étaient attachantes bien qu'agaçantes. Le Parisien type que je décris, bobo, hipster qui sort, qui est cultivé etc., c'est celui qui a été attaqué par Daech. Ceux qui vont en concert, en terrasse, c'est exactement la génération qui est décrite dans ce livre, donc c'est assez troublant. C'est le Parisien jouisseur qui a été attaqué. Comme le reste du monde je ne les aime que plus.»

Après les attentats de novembre, il semblerait que le reste de la France s'identifie plus que jamais aux habitants de la capitale

«Je pense que oui. Ça me fait des frissons, dans un sens positif, de me dire que ce côté hyper chauvin qui m'énerve dans le livre, là je le trouve réconfortant et attendrissant. C'est vrai que cela n'est pas arrivé souvent que le monde entier, ou que les régions, montrent tant d'empathie envers les Parisiens vu que d'habitude on parle d'eux en mal. Et là c'était beau de voir n'importe quelle ville de France ou du monde aimer les Parisiens, les soutenir et leur envoyer tout cet amour.»

Guide indispensable pour apprenti Parisien

Vous avez trouvé du travail dans la capitale française et vous brûlez d'envie d'expérimenter la vie à la parisienne ? Arrêtez-tout et lisez ce guide. Avant de faire le grand saut mieux vaut prendre connaissance de ce qui vous attend. Leurs qualités, leurs défauts mais également leurs déplacements, sorties, vous saurez tout sur ceux dont l'attitude est si souvent moquée. Le petit plus ? Caroline Rochet y glisse quelques adresses sympathiques à connaître. Une bonne dose de rire! 4/5

« Comment (ne pas) devenir Parisien en 8 leçons », Caroline Rochet, J'ai Lu, 284 pages, 10€

Paris, un état d'esprit

Le Parisien est un être à part. Bourgeois bohème, blasé de la vie et de sa ville, il l'aime pourtant au point de ne jamais la quitter et de vivre tour à tour dans chacun de ses quartiers. À travers l'histoire de deux hommes, deux femmes, un couple et leurs enfants, Caroline Rochet revisite les clichés déjà évoqués dans son ouvrage «Comment [ne pas] devenir parisiens en 8 leçons ». En forçant le trait, elle se moque gentiment du quotidien, des manières et de la vie des habitants d'une des plus belles villes du monde. 4/5

« Parisiens Chéris », Caroline Rochet x Cathy Karsenty, Editions Delcourt, 94 pages, 14,95€