Ozark Henry avec l'Orchestre National de Belgique

Il y a toujours beaucoup de lyrisme dans la musique d'Ozark Henry. Cela semblait donc évident de la voir portée par un ensemble à sa taille. Et c'est à l'initiative de l'Orchestre National de Belgique que ce projet «Paramount» est né. Une rencontre entre un artiste au plein sens du terme et des musiciens capables de porter l'émotion au plus haut.
Comment avez-vous ressenti le fait d'être le premier artiste non classique à être invité par l'Orchestre National de Belgique (ONB)?
«Comme un grand honneur, et un plaisir. J'avais toujours ce rêve de pouvoir avoir la chance de travailler avec un orchestre. Grâce à eux, cela se concrétise. C'était un désir partagé. J'avais été l'un de leurs ambassadeurs, en 2012, pour leur 75e anniversaire. J'avais alors fait quatre morceaux pour une soirée spéciale avec l'orchestre. Et tout s'est fait de façon très naturelle. Mais quatre morceaux, c'était un peu court, j'avais envie d'un programme complet. Et donc, ils m'ont invité à le faire.»
Votre musique est très lyrique, et elle occupe la place centrale dans votre uvre.
«J'ai un respect total pour la musique, pour son histoire, pour les orchestrations. L'orchestre est l'instrument le plus riche qui existe. Mais ce qui me fait surtout très plaisir, c'est l'identité belge de l'ONB. C'est d'ailleurs pour cela que j'avais décidé d'en être l'ambassadeur. Il n'y a pas d'autres institutions à être à ce point belge. C'est une magnifique identité, très riche. Et c'est une nécessité de tout faire pour la conserver. Elle m'a beaucoup aidé à me présenter ailleurs. Cela m'a permis d'être respecté partout où j'allais.»
Votre père est compositeur de musique classique. C'est donc naturel pour vous d'être parmi un orchestre.
«Tout à fait. C'est un monde que je connais. Il y a beaucoup de musiciens qui ont été des élèves de mon père et qui travaillent désormais dans l'orchestre. Mon père a 82 ans aujourd'hui, et les gens ont vu cela comme une évidence.»
Et comment a-t-il réagi en voyant son fils au milieu d'un orchestre?
«Ah, ça lui a fait plaisir. Mais toutes mes aventures lui ont déjà fait plaisir. Il est encore compositeur classique, mais c'est aussi un grand fan de jazz. Aujourd'hui, ça peut sembler une évidence, mais à son époque, c'était deux mondes complètement séparés. Et le monde classique ne respectait pas du tout le jazz, sa liberté, son non-respect de la partition, bla-bla-bla Je pense que le fait que je sois si éclectique dans ce que je fais vient de là. Tous les aspects de la musique m'intéressent, tout ce qui peut me permettre de raconter mon histoire.»
Que ressentez-vous quand vous entendez votre musique jouée par un orchestre?
«Quand j'ai eu la chance de travailler avec eux il y a trois ans, j'ai été surpris par la manière dont cela m'a directement touché, à l'instant même où ils ont commencé à jouer. C'était une émotion très physique. Il y a une vibration qui naît et tu es tout de suite emmené dans un autre monde. J'ai vraiment adoré.»
Et se dire en plus: «C'est moi qui ai fait ça.»
«Non, ça c'est une question que je ne me pose jamais. Je me mets toujours à la place de l'auditeur. Je me sens plus public qu'artiste. Même quand je joue moi-même de la musique, je me mets toujours à la place du spectateur. D'ailleurs, j'ai fait beaucoup de recherches et j'ai investi dans des technologies pour mettre mon public au meilleur endroit possible pour profiter de la musique. Je dois donc avoir cette capacité à être également mon propre public.»
Comment s'est faite la sélection des chansons?
«C'était difficile. J'avais envie d'explorer toutes les couleurs de l'orchestre. Mais c'est un peu du hasard. Je voulais évidemment This is all I Have', Love is Free to Interfere', Grace', An Angel Fell it's Done' et Maybe'. J'avais donc ces cinq titres de départ. Puis, en fonction de ce que l'on avait fait ou pas fait avec l'orchestre, j'ai commencé à choisir les autres.»<itw_quest>Vous n'êtes pas un ténor. Comment votre voix trouve-t-elle sa place?«Elle est amplifiée. La manière dont je chante et cette intimité que je crée ne me permettent pas d'y aller avec force. Ce n'est pas possible pour moi. Mais c'est la seule chose qui est amplifiée.»
Ozark Henry «Paramount» (Sony)
En concert avec l'Orchestre National de Belgique au Bozar ce jeudi 5 mars, au Palais des Beaux-Arts de Charleroi le 12 mars, au Kursaal Ostende le 13 mars, et au Lotto Arena d'Anvers le 27 novembre.