Devenu chauffeur Uber après avoir été impliqué dans un trafic d’organes

À Londres, Uber a mis l’un de ses chauffeurs en examen après avoir découvert qu’il avait été impliqué malgré lui dans un trafic d’organes.

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Voilà plusieurs années qu’Enver Tohti et sa famille habitent au Royaume-Uni. Cet ancien chirurgien a fui la Chine pour s’installer à Londres, où il a trouvé un poste de chauffeur au sein de la compagnie Uber.

Mais en décembre 2020, il a reçu un courrier de la compagnie l’avertissant qu’il risquait de perdre sa licence. En cause: ses déclarations dans la presse où il confiait avoir été impliqué dans un trafic d’organes.

Lanceur d’alerte

En réalité, cet ancien chirurgien oncologue a été l’un des premiers (et l’un des rares) à évoquer publiquement, dans les médias, les prélèvements forcés d’organes sur les prisonniers chinois. Interrogé par le Metro UK, il est revenu sur l’expérience traumatisante qu’il a vécue, il y a près de 30 ans.

En 1995, son chirurgien en chef lui a ordonné de préparer un kit opératoire et l’a emmené dans un camion, sans lui annoncer de destination, se souvient-il. En sortant du véhicule, il a compris qu’il se trouvait sur un terrain d’exécution. Après avoir entendu une série de coups de feu, l’équipe médicale a été conduite auprès d’hommes, en tenue de prisonnier, qui venaient d’être abattus. On leur a alors ordonné «d’extraire leur foie et leurs reins».

Choqué, M. Tohti a tout de même exécuté ces ordres «comme un robot», confie-t-il au quotidien britannique. «Ils ne m’ont rien dit. Et je savais que je ne devais rien demander. Si vous posez des questions, peut-être que la prochaine personne à perdre un organe, c’est vous.»

Après cet épisode, M. Tohti est arrivé au Royaume-Uni. C’est là-bas qu’il a entendu des rumeurs évoquant un programme de prélèvement forcé d’organes mené par l’État chinois. En réalisant qu’il y avait sûrement pris part, il a décidé d’en parler pour dénoncer ces pratiques.

«En parler pour y mettre fin»

«J’ai droit à la liberté d’expression pour dénoncer ces pratiques, et tenter d’y mettre fin en les exposant. De telles activités politiques ne devraient pas être entravées et ces actions n’affectent en rien mon bon travail professionnel», a déclaré M. Tohti. «Je pense que c’est mon droit d’exprimer mon point de vue et d’expliquer mon expérience sans mettre en danger mon emploi de chauffeur de taxi à Londres», ajoute-t-il, en précisant que cette mise en examen l’avait profondément attristé car il se sentait «puni» d’avoir parlé.

Au final, M. Tohti a reçu un courrier lui indiquant que l’examen de son dossier était terminé et qu’il pouvait continuer à exercer en tant que chauffeur pour Uber. Entre-temps, le lanceur d’alerte s’était toutefois mis en quête d’un nouvel emploi, en tant que chauffeur de camion cette fois.