Le Pen à l’Elysée? Voici ce que cela changerait pour les Belges

Jamais un candidat d’extrême droite n’a été aussi proche de l’Élysée. Mais concrètement, ça changerait quoi pour les Belges, d’avoir une Marine Le Pen à la tête de l’Hexagone?

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«On a tendance à dire que l’élection de Marine Le Pen est improbable. Mais souvenons-nous du Brexit et de Donald Trump. On n’y croyait pas. Pour moi, il existe un risque réel qu’elle soit élue», indique François Gemenne de l’ULiège/Sciences Po Paris.

Si ce scénario se produisait qu’est-ce que cela changerait pour les Belges et le reste des Européens?

Impact économique

«Ça peut perturber les échanges commerciaux», répond Michel Hermans, politologue à l’Uliège. «La Belgique, ne l’oublions pas, est le troisième fournisseur de la France. Et dans l’autre sens, la France est notre deuxième fournisseur (après l’Allemagne). Or, Marine Le Pen veut défendre le franco-français. Elle peut par exemple insister pour que les Français consomment des fruits français plutôt que des fruits venant de notre Hesbaye. Sous François Hollande, les bières ont été davantage taxées que les vins par exemple». François Gemenne tempère ce dernier exemple: «À l’époque, la production de bière était beaucoup moins importante en France qu’elle ne l’est aujourd’hui», laissant entendre que la méthode ne pourrait plus être employée.

«Marine Le Pen prône des mesures de protectionnisme économique», poursuit le politologue Pierre Verjans. «L’Europe empêche cela en principe. Mais cela ne l’empêchera pas de pouvoir faire de la préférence nationale, ce qui entraînerait une diminution des importations belges en France».

Sur le plan de l’immigration, il y aurait aussi un impact, selon Pierre Verjans. «Marine Le Pen se positionnerait clairement contre la migration, avec tout ce que cela peut avoir comme conséquence pour les autres pays européens». «On peut aussi imaginer qu’elle pratiquerait une politique qui inciterait des exilés fiscaux en Belgique à rentrer à France. À l’inverse, des Français pourraient quitter leur pays», décrit François Gemenne.

L’UE en difficulté?

Connaissant son désamour pour l’Europe, l’élection de Marine Le Pen comme présidente «fragiliserait l’Europe, sans pour autant que la France quitte l’Union ou n’abandonne l’Euro», pointe Michel Hermans. «En fait, la France deviendrait une seconde Hongrie. Viktor Orban aurait un allié de poids. Ce serait la fin de l’axe franco-allemand avec pour conséquence un blocage significatif d’une série de réformes européennes, notamment au niveau de la Défense», détaille François Gemenne. Avec Marine Le Pen à l’Elysée, les pouvoirs de Charles Michel, président du Conseil européen, seraient probablement amoindris, idem pour Ursula von der Leyen à la Commission européenne.

L’Otan serait aussi impacté avec un possible retrait de la France comme l’avait fait précédemment De Gaulle. Pas sûr que Marine Le Pen respecte son programme sur ce point. Quoi qu’il en soit, l’Alliance pourrait «gérer» ce départ. Même s’il dispose de la cinquième armée du monde, l’Hexagone n’est pas l’un des pays les plus engagés dans l’Otan.

Dernier élément qui nous concerne: le réchauffement climatique. La candidate a précisé qu’elle ne quitterait pas les accords de Paris, mais a prévenu que le Climat n’était pas du tout sa priorité.