Quel impact de la guerre en Ukraine sur la pandémie de Covid-19?

L’OMS a averti que la guerre en Ukraine et les conditions catastrophiques dans lesquelles se retrouvent des millions d’Ukrainiens risquent de faciliter la propagation du coronavirus. Faut-il craindre une nouvelle flambée en Europe? Chez nous, Yves Van Laethem ne se montre pas alarmiste, mais estime tout de même que la situation devra être tenue à l’œil.

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Le Covid est loin d’être la préoccupation première des Ukrainiens, envahis par les Russes depuis plus de deux semaines. Alors que les frappes russes se multiplient sur les zones civiles, la priorité première est de protéger sa vie et celle des siens.

«Les virus profitent de ce contexte»

Au milieu des combats, l’OMS constate une «remarquable» continuité dans le report des cas de coronavirus et de décès qui lui sont liés. La semaine dernière, l’Ukraine, où le taux de vaccination est particulièrement bas [34% de la population doublement vaccinée] a signalé 40 265 nouveaux cas et 758 décès.

«Chaque fois qu’une société est perturbée à ce point, et que des millions de personnes sont littéralement déplacées, les maladies infectieuses en profitent», a prévenu la semaine dernière le Dr Mike Ryan, directeur du programme des urgences sanitaires de l’OMS. «Les gens se retrouvent entassés, ils sont stressés et ils ne mangent rien, ils ne dorment pas correctement. Ils sont très sensibles aux influences extérieures… Et il devient bien plus probable que la maladie se propage.»

Par ailleurs, en temps de guerre, l’accès aux soins de santé s’avère particulièrement complexe. En zone de combats, se déplacer pour se rendre chez le médecin ou à l’hôpital devient risqué. Sans compter que, depuis le début de l’invasion, au moins 16 hôpitaux et centres de soins ont été détruits par les troupes russes. Et malgré l’aide humanitaire qui afflue, l’Ukraine fait face à une grave pénurie d’oxygène. «Les décès liés à la Covid-19 continueront à augmenter à mesure que les pénuries en oxygène s’aggravent», a mis en garde l’OMS.

Vers une nouvelle vague en Europe?

Alors que 2,6 millions d’Ukrainiens ont déjà fui le pays, le conflit pourrait-il avoir des conséquences sur la pandémie en dehors des frontières ukrainiennes? «C’est difficile à prévoir», tempère Yves Van Laethem, interrogé par 7sur7. Selon le virologue, il ne faut pas craindre l’arrivée d’un nouveau variant du coronavirus. En revanche, l’attention devra être portée sur d’autres maladies, et notamment la tuberculose et la rougeole.

Des dépistages et des rappels de vaccination devraient être organisés, estime Yves Van Laethem. «La tuberculose est un véritable problème de santé publique en Ukraine», souligne-t-il. «En 2019, l’Ukraine a connu 29.000 cas dont 5.000 se sont révélés multirésistants, c’est-à-dire résistant aux médicaments classiques.»

L’OMS a d’ailleurs appelé les pays accueillant des réfugiés ukrainiens à répondre à tous leurs besoins sanitaires, qu’ils concernent la Covid-19, d’autres maladies ou encore la santé mentale.