Qu’est-ce que la «ville archipel», ce modèle de la ville… dans la ville?
L’un des modèles urbains privilégiés des capitales européennes s’appelle la «ville archipel». Des quartiers indépendants les uns des autres, entourés de verdure, permettant la création d’un «territoire singulier où le distinguo ville/campagne n’a plus lieu d’être». Berlin, Vienne, Athènes sont construites sur ce modèle tandis que Rennes incarne l’exemple français.

Tirana se rapproche de «la vision de ville archipel» et transforme son paysage urbain, selon les mots de Stefano Boeri, architecte italien reconnu pour son Bosco Verticale de Milan, en charge du grand projet de redynamisation de la capitale albanaise. Mais quel est ce modèle de ville «que poursuivent de nombreuses autres capitales internationales»?
La ville archipel est le fait de considérer les quartiers de la ville comme des centres à part entière, des îlots autosuffisants séparés par des espaces «agro-naturels». Cette vision urbaine propose «de nouvelles centralités pour répondre aux besoins des habitants. […] Le voisinage entre la ville et la campagne est un atout pour cette forme d’urbanisation alors que la question des déplacements vers la ville-centre est un enjeu majeur», détaille l’agence d’urbanisme de Rennes Audiar dans un rapport.
Aujourd’hui, la pandémie de Covid-19 a accéléré la façon de repenser et de transformer nos villes afin qu’elles deviennent un maximum «vivables». Et le modèle de la ville archipel séduit pour son aspect, de gestion urbaine locale, aux côtés d’espaces verts.
Le chef-lieu de la Bretagne représente l’exemple français de la ville archipel, puisque la métropole rennaise y a développé très tôt ces principes. L’urbaniste et sociologue Jean-Yves Chapuis, adjoint à l’urbanisme de la ville dès 1983, a contribué à développer cette notion, bien que la naissance historique du terme reste floue.
Cette année-là, la ville est divisée en douze quartiers pour faciliter la gestion de la commune de manière localisée. Les activités de loisirs, les lieux de culture ou scolaires, les surfaces pour les besoins essentiels: chaque quartier possède le nécessaire.
«Ce paysage nouveau crée un territoire singulier où le distinguo ville/campagne n’a plus lieu d’être et donne une vision apaisée et douce de la ville devenue métropole», écrit Jean-Yves Chapuis dans son ouvrage Rennes, la ville archipel publié aux Editions de l’Aube en 2013.
Vienne, Athènes, Berlin… de nombreuses capitales européennes se sont bâties et organisées sur ce modèle d’îlot. Dans la capitale allemande, considérée comme un «archipel vert» par l’urbaniste Oswald Mathias Ungers, le centre-ville est entouré de quartiers résidentiels densément peuplés. Dans ces zones s’articulent des services indépendamment du centre-ville, créant des villes dans la ville.