Manger son placenta après l’accouchement: bienfaits réels ou pseudo-science?

Manger son placenta serait-il bénéfique pour la santé comme l’affirment des stars américaines? Voici ce qu’en pense la science.

par
ETX
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Manger son placenta après un accouchement est une tendance qui monte aux États-Unis depuis une vingtaine d’années, sous l’impulsion de stars américaines qui témoignent de leur expérience. Katie Holmes, Kim Kardashian, January Jones, Hilary Duff ou Chrissy Teigen ont révélé publiquement avoir mangé, sous forme de capsules ou de smoothie, leur placenta.

Des gélules fabriquées à partir du placenta

Si la pratique, appelée placentophagie, ne date pas d’hier, elle est revenue sur le devant de la scène récemment via une publication postée sur les réseaux sociaux de Kourtney Kardashian. La star de télé-réalité a suscité une polémique aux États-Unis en partageant une photo de gélules fabriquées à partir de son placenta. Selon elle, ces pilules lui avaient apporté de multiples bénéfices, tels que «des niveaux d’énergie plus élevés», «une meilleure connexion avec son bébé», ainsi que la prévention du baby blues et de la dépression post-partum. Problème: les experts médicaux l’accusent de propager de fausses informations.

Ces fameuses gélules, vendues à un prix élevé (400 dollars selon le site du fabricant), sont commercialisées comme un «complément nutritionnel quotidien» contenant des vitamines, du fer, des protéines, des cellules souches et des hormones naturellement produites par le corps. Ces apports, fabriqués naturellement par le corps, permettraient aux mères de récupérer plus rapidement après l’accouchement, d’activer la lactation ou de diminuer les risques de baby-blues et de dépression post-partum.

Ce qu’en pense la science

Des affirmations que contestent les professionnels de la santé. Certains parlent même de «pseudo-science» potentiellement dangereuse. C’est le cas du Dr Ellie Cannon, médecin généraliste au Royaume-Uni et spécialiste de la santé pédiatrique. «Aucun professionnel de la santé un tant soit peu intègre ne cautionnerait ces pilules. Il n’y a aucune base scientifique pour un quelconque bénéfice, physique ou mental», explique la professionnelle au Daily Mail. «De plus, lorsque des personnes très connues affirment qu’elles peuvent aider à lutter contre la dépression post-partum, c’est dangereux», ajoute-t-elle.

Dans certains cas, la placentophagie pourrait même s’avérer dangereuse pour la santé. «Il n’existe pas de normes pour le traitement du placenta destiné à la consommation», alertait en 2017 le Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC) américain. «Le processus d’encapsulation du placenta n’éradique pas en soi les agents pathogènes infectieux; l’ingestion de capsules de placenta doit donc être évitée». Car en plus de ses fonctions nutritives, respiratoires ou immunitaires pendant la grossesse, le placenta est un organe qui permet de filtrer. Pendant neuf mois, il retient plusieurs substances toxiques, sans les éliminer pour autant. Il existe donc un risque de le manger, peu importe sous quelle forme, après la naissance.

Une pratique qui reste très rare chez nous

En France, la placentophagie est très rare du fait de l’interdiction de récupérer le placenta après un accouchement. «Lorsqu’ils ne sont pas utilisés à des fins thérapeutiques et scientifiques, le placenta et le cordon sont des déchets opératoires qui doivent être incinérés (…) Il est donc interdit aux parturientes de récupérer leur placenta après leur accouchement ou de confier le placenta et/ou le cordon à des organismes qui ne sont pas autorisés à les préparer, les conserver et les distribuer sous quelque forme que ce soit (médicament ou produit cellulaire)», rappelait le Ministère de la santé en 2012.