Voici à quoi ressemblera la basket du futur

Biodégradables, upcyclées ou durables: les sneakers passent en mode green. Et cette tendance n’est pas près de faiblir.

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ETX avec rédaction en ligne
Temps de lecture 5 min.

À quoi ressemblera la basket du futur? Elle pourrait être fabriquée à partir de sushis, s’apparenter à un patchwork de chutes de tissus et même se décomposer dans la terre. Les acteurs de l’industrie de la mode rivalisent aujourd’hui d’inventivité et de savoir-faire pour réinventer cet indispensable de la garde-robe, et le rendre plus green.

Des nouvelles matières durables

Les équipementiers que sont Nike, adidas, Reebok, et Puma proposent à tour de rôle des modèles de sneakers plus durables, mais n’ont pas encore trouvé la recette – ni la matière – miracle qui révolutionnera à coup sûr l’une des industries les plus polluantes. Ce sont finalement de plus petits acteurs qui tentent de se réinventer avec des innovations toutes plus originales – et éco-responsables – les unes que les autres.

C’est le cas de la marque Ashoka Paris qui propose des sneakers en résidus de pommes et de céréales, P448 qui vient d’introduire des baskets en peaux de pommes issues de vergers italiens, ou encore MoEa qui se concentre sur des sneakers éco-responsables, véganes, et recyclables partiellement fabriquées à base de plantes et de fruits. Et il y ’en a bien d’autres qui s’intéressent de près aux caractéristiques de ces nouvelles matières durables – cactus, pomme, raisin, et autres ananas – qui peuvent combiner, en association avec d’autres fibres, résistance et éco-responsabilité.

Des baskets confectionnéez à partir de restes de sushis

D’autres marques vont encore plus loin, et expérimentent des ingrédients totalement inattendus. C’est le cas de la marque O.T.A. Paris qui a dévoilé courant 2022 une paire de baskets partiellement confectionnée à partir de restes de sushis et de makis. Le concept pourrait prêter à sourire, et pourtant… Il pourrait en inspirer plus d’un. Le label s’est associé à une tannerie française pour transformer des peaux de poisson issues d’un restaurant Sushi Shop à Lyon en un logo, sachant que la semelle dudit produit est elle conçue à partir de pneu et de caoutchouc recyclés.

De son côté, la marque américaine Cole Haan s’est tournée vers le pissenlit pour élaborer la semelle extérieure de ses sneakers. Connue pour être une alternative au latex d’hévéa, l’arbre à caoutchouc, le pissenlit peut se métamorphoser en une gomme spécifique qui colle parfaitement avec l’esthétique et la technicité des baskets. Quant au designer français Eugène Riconneaus, il a fait coup double en débarrant les plages de nombreux déchets marins, dont des fruits de mer, pour les réinjecter dans des paires de sneakers.

L’art du recyclage

On l’aura compris, les nouvelles matières constituent la base des recherches des acteurs de la mode pour verdir les sneakers. Mais elles ne constituent pas l’unique solution. Certains se tournent vers des matières premières déjà existantes pour limiter davantage encore l’empreinte carbone des chaussures les plus vendues au monde. Autrement dit, ils ont recours à une pratique en vogue: l’upcycling. Dès 2021, le château de Versailles s’est engagé en ce sens en présentant une collection de sneakers conçue à partir de tissus utilisés pour la scénographie de l’exposition «Hyacinthe Rigaud ou le portrait soleil», tandis que la marque Caruus s’est attelée à fabriquer une paire de sneakers à partir de vieux jeans et bleus de travail.

C’est aussi le cas de Helen Kirkum Studio qui va encore plus loin en composant ses sneakers à partir d’anciennes paires, ou de Sans Les Plumes qui a recours à du tissu collecté dans les transports en commun. Autant de projets qui montrent que les montagnes de déchets servent amplement à renflouer les stocks des acteurs de la mode, au lieu de finir enfouies ou incinérées.

L’impression 3D

Et lorsqu’elles ne se tournent pas vers des déchets et autres matières existantes, les marques misent sur les nouvelles technologies, dont certaines pourraient répondre à de nombreuses problématiques environnementales. C’est le cas de l’impression 3D, testée et approuvée par Hilos aux États-Unis ou, à moins grande échelle, par le créateur de renommée mondiale Heron Preston. Si la première ne propose pas encore de sneakers, elle se sert de cette technologie pour créer des chaussures personnalisées et recyclables à l’infini, tout comme le deuxième qui, en association avec la société américaine de technologie Zellerfeld, a imaginé une sneaker du même genre pouvant être rapportée en fin de vie pour une nouvelle impression, et ainsi de suite. Une solution qui, bien qu’au stade de prototype, pourrait rapidement se démocratiser pour toucher un public plus vaste.

Des sneakers recyclables et biodégradables

Que faire de vos baskets en fin de vie? C’est la question que l’on peut se poser à une époque où la majorité des modèles ne sont que difficilement recyclables, et encore moins biodégradables. La marque Circle Sportswear a planché sur le sujet pendant près de trois ans pour sortir en ce début d’année la ’SuperNatural Runner’, une basket conçue en économie circulaire en Europe à partir de matériaux biosourcés, biodégradables et recyclables. Laine mérinos, fibre de bois, huile de ricin, et gomme naturelle composent cette chaussure, dont la partie supérieure est biodégradable et régénérative, tandis que la semelle est entièrement recyclable. Des spécificités qui réduisent considérablement son impact carbone par rapport à une paire de baskets classiques. S’il ne s’agit pas à proprement parler de sneakers, mais de chaussures de running, nul doute que cette innovation en inspirera d’autres.

«Aujourd’hui 99% des running shoes sont fabriquées à l’autre bout du monde en Asie et à 95% à partir de plastiques dérivés du pétrole. C’est une réinvention complète du secteur. C’est notre avantage de partir d’une feuille blanche, d’être plus agile, rapide et de fédérer des acteurs innovants pour créer le futur du running circulaire et en Europe», a confié Romain Trebuil, co-fondateur de Circle Sportswear, à ETX Studio.

Le label OAT Shoes s’est d’ailleurs lui aussi intéressé de près à la fin de vie des sneakers en dévoilant une paire entièrement biodégradable dotée d’une languette dans laquelle a été glissée une graine. Une fois usées, les baskets n’ont plus qu’à être enterrées pour se décomposer et laisser place à… un parterre de fleurs. Autant de solutions qui démontrent la volonté des acteurs de la mode de faire leur révolution green, même si celle-ci n’en est encore qu’à ses prémices.

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