Coup de filet dans le milieu de la drogue: la police fédérale confrontée à la violence des narcotrafiquants

Un important coup de filet dans le milieu de la drogue a été réalisé mardi matin à 5h00 un peu partout en Belgique. 114 perquisitions ont été effectuées et six laboratoires ont été démantelés. Les autorités ont constaté que des pratiques violentes venant d’Amérique Latine avaient été importées chez nous.

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Rédaction en ligne avec Belga
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Une soixantaine de personnes ont été arrêtées au cours de 114 perquisitions visant un important réseau d’importation de cocaïne entre l’Amérique latine et l’Europe qui ont été effectuées mardi matin, dès 5h00, principalement en région bruxelloise mais également, et notamment, dans la région d’Anvers, en Brabant wallon et en quelques lieux de Flandre et de Wallonie, a annoncé mardi en fin de journée Frédéric Van Leeuw, procureur fédéral lors d’une conférence de presse. De plus, 6 laboratoires d’extraction de cocaïne ont été découverts, principalement à Bruxelles et dans sa périphérie.

Il s’agit de la plus importante série de perquisitions depuis celle de mars dernier réalisée à la suite du décryptage de messages cryptés via le logiciel SKY ECC, installé sur des cryptophones employés pour communiquer dans le milieu criminel.

Un trafic d’ampleur mondiale

«Le dossier d’aujourd’hui porte sur une organisation criminelle soupçonnée d’être active dans le trafic de cocaïne, entre l’Amérique du Sud et l’Europe», a précisé Eric Jacobs, directeur de la police judiciaire fédérale (PJF) de Bruxelles. «Un groupe de criminels situés en Belgique, principalement à Bruxelles, organise la réception de la cocaïne, son extraction et son reconditionnement dans des laboratoires belges. Nous estimons la production à une tonne de cocaïne par semaine à Bruxelles et en périphérie. Après ce reconditionnement, des «courriers» (transports organisés par voies routières) assurent la distribution vers le reste de l’Europe».

Les policiers ont confisqué plus d’un million en liquide et une importante quantité de pièces d’or. Des voitures et objets de luxe, notamment des montres – qui constituent un nouveau moyen d’écoulement d’importantes sommes d’argent – ont été saisis, de même que des tonnes de produits imprégnés de cocaïne, 300 m3 de tabac et du matériel technique comme des drones, des moteurs de propulsion de sous-marin pour la plongée. Il n’y a pas eu d’incidents. Plus de 1.100 policiers ont été mobilisés pour ces perquisitions.

Des faits de violence terribles

«Les mafias de l’Amérique latine importent un peu leurs méthodes chez nous. Nous avons eu plusieurs meurtres, plusieurs personnes découpées en morceaux, des faits de violence assez affreux», s’est inquiété le procureur fédéral Frédéric Van Leeuw, relayé par nos confrères de 7sur7.be. Parmi les millions de messages Sky ECC qu’ils ont interceptés, les enquêteurs ont découvert l’horreur de ces agissements.

«Ce sont des images terribles», a poursuivi le procureur fédéral. «Cela montre une fois de plus que les gangs sont prêts à tout pour atteindre leurs objectifs.» Si ce type de vidéos circulaient chez des narcotrafiquants implantés en Belgique, les faits ne se sont toutefois pas produits chez nous, précise Frédéric Van Leeuw.

Il n’empêche que la Belgique n’est pas épargnée par l’extrême violence qui règne dans les milieux de la drogue. La mafia bruxelloise est notamment impliquée dans le meurtre d’un sans-abri de nationalité albanaise, criblé d’au moins huit balles. Cette bande organisée avait échappé à la police pendant des années, avant d’être identifiée en juillet 2020 par des gendarmes français et la police néerlandaise, qui avaient intercepté des messages cryptés sur EncroChat. Les enquêteurs avaient alors remonté la piste de ce réseau bruxellois, après 1.300 jours de travail acharné.

Des réseaux «bien implantés»

«La criminalité organisée internationale voire mondiale est manifestement très implantée en Belgique», a souligné Eric Snoeck, directeur général à la police judiciaire fédérale. «Nous savions déjà que le port d’Anvers est le premier port européen d’importation de la cocaïne». La région de Bruxelles apparaît aujourd’hui comme le deuxième lieu d’activité de ce réseau.»

«Etant entendu que la Belgique semble jouer un rôle central dans l’importation et la distribution de la cocaïne en Europe, notre responsabilité vis-à-vis des partenaires internationaux est importante», a souligné Frédéric Van Leeuw.

Les enquêtes ont permis d’identifier des réseaux d’importation de cocaïne par voie maritime depuis l’Amérique latine vers des ports européens et des réseaux d’exportation au départ de Bruxelles vers l’Italie, l’Allemagne, la France, la Suède, l’Angleterre et le Portugal. Parmi les personnes interpellées figurent des personnes de nationalité colombienne, suspectées d’être des narcotrafiquants venus de l’Amérique latine.