Droit de réponse à l’article: «Alcool, humiliations, violences: le scoutisme dépasse-t-il les limites?»

Suite à notre article du 25 juin intitulé «Alcool, humiliations, violences: le scoutisme dépasse-t-il les limites?», les différentes fédérations du scoutisme en Belgique ont demandé à exercer un droit de réponse. Voici ce qu’ils ont à dire.

Veuillez accepter les cookies pour afficher ce contenu.
par
Rédaction en ligne
Temps de lecture 5 min.

«Les cinq mouvements de jeunesse francophones reconnus par la Fédération Wallonie-Bruxelles, à savoir, Les Faucons Rouges, Les Guides, Le Patro, Les Scouts et Les Scouts et Guides Pluralistes, ont souhaité répondre à la question posée par l’article Métro du 25 juin dernier, intitulé «Alcool, humiliations, violences: le scoutisme dépasse-t-il les limites?».

Avant toute chose, rappelons que le terme «scoutisme» ne désigne pas tous les jeunes qui portent un foulard. La Belgique compte plus de 300000 jeunes affiliés à un des 10 mouvements de jeunesse francophones et néerlandophones. Un nombre qui place notre pays dans le top 3 mondial des pays les plus actifs en termes de mouvements de jeunesse. proportionnellement à sa population.

L’alcool, un problème de société

La question de la consommation d’alcool chez les jeunes est omniprésente dans notre société belge. Nous ne nous volions pas la face: les mouvements de jeunesse ne font pas exception au reste de la société, l’alcool est présent dans certains de nos groupes, c’est une réalité. Mais pour autant, les fédérations de mouvements de jeunesse n’ont jamais toléré les consommations excessives dans le cadre de l’animation.

La règle est claire: les animateurs doivent, à tout moment, être en pleine possession de leurs moyens.

Notre mission première est l’éducation des jeunes. C’est pourquoi nous faisons le choix du dialogue et de la formation. Imposer une interdiction totale nous semble contre-productif et comporte le risque inhérent d’une consommation clandestine. Les fédérations de mouvements de jeunesse privilégient la conscientisation des animateurs afin de les responsabiliser à leur rôle. Nous avons à cœur d’éduquer des milliers de jeunes à une consommation responsable. Plusieurs groupes ont par ailleurs fait le choix du «zéro alcool» au camp.

Nous misons également sur la formation continue des animateurs, et sur des mesures strictes en cas de non-respect du cadre établi. Si un débordement est signalé, la fédération concernée prend immédiatement les décisions utiles, et des sanctions pédagogiques et éducatives proportionnelles aux faits sont imposées.

Pour chaque décision, le critère prioritaire reste toujours la protection et la sécurité des enfants et adolescents qui nous sont confiés.

La totémisation, un outil d’accueil et d’intégration

Avant d’aller plus loin, précisons que la totémisation n’est pas une activité pratiquée dans tous les mouvements de jeunesse belges. Dans les fédérations où la totémisation est organisée, cette activité est avant tout un moment d’accueil et d’intégration du nouvel arrivé dans le groupe.

Offrir un totem à chaque jeune nouvellement arrive permet de souligner que le groupe a appris à le découvrir et le reconnaît comme une personne unique. Le groupe prend le temps de réfléchir à sa personnalité pour lui offrir un nom d’animal qui souligne ses qualités. Le jeune totémisé peut alors se sentir pleinement reconnu, confirmé dans son sentiment d’appartenir au groupe. Lors des formations, les animateurs sont encouragés à motiver et valoriser le jeune en toutes circonstances. Car c’est en se sentant en confiance, écouté et respecté que le jeune pourra se dépasser, être fier de lui et ainsi booster son estime.

La plupart des animateurs se sont engagés pour transmettre les valeurs qu’ils ont eux-mêmes acquises grâce à leur passage dans les mouvements de jeunesse: solidarité, confiance en soi et en les autres, autonomie, ouverture… Certains font l’erreur de penser que cette transmission passe par des totémisations éprouvantes et humiliantes, qui «préparent le jeune à affronter les épreuves de la vie». C’est en effet une erreur! Aucune violence n’est éducative et aucune humiliation n’est tolérée par les fédérations.

Le message que nous portons auprès des animateurs est clair: pour qu’une totémisation soit porteuse de sens pour tout le groupe, jeunes totémisés, animés et animateurs, il faut pouvoir imaginer la raconter aux parents, sans sourciller. Chaque mot, chaque geste, chaque activité doit être justifiable et assumable. La notion de «secret» ne fait absolument pas partie des pratiques recommandées aux animateurs.

Les fédérations concernées interviennent rigoureusement à chaque abus signalé et ont à cœur d’outiller leurs membres, de les former et de les conscientiser afin que les pratiques correspondent à un esprit de bienveillance et d’ouverture.

Se regarder dans une glace, pour faire bouger les lignes et mieux évoluer

Comme son nom l’indique, un mouvement de jeunesse est un mouvement éducatif, par et pour les jeunes, qui a pour ambition de faire grandir chaque jeune qui le rejoint. Qui dit mouvement, dit remise en question et évolution.

Nos fédérations veillent continuellement à évaluer leurs pratiques et à les remettre en question. Vivre avec son temps fait partie de l’ADN des mouvements de jeunesse! Les formations sont adaptées à la réalité vécue par les jeunes et de nouvelles thématiques sont développées, comme le (cyber) harcèlement ces dernières années ou les questions d’écoresponsabilité ou de santé mentale des jeunes. À chaque remise en question, chaque évaluation de nos activités, le bien-être des enfants reste la préoccupation première.

L’épanouissement et le bien-être des jeunes sont une préoccupation partagée par les 20000 animateurs et animatrices qui donnent du temps et du cœur pour faire vivre de merveilleux moments à des dizaines de milliers d’enfants et d’adolescents.

En ce début de saison des camps, les fédérations tiennent à réaffirmer leur confiance envers tous les bénévoles des équipes encadrantes. Les enfants sont entre de bonnes mains!

Bons camps à tous les scouts, guides, patros et faucons rouges.»