Il y a dix ans, Nordine Amrani semait la terreur à Liège

Le 13 décembre 2011, le temps s’est arrêté à Liège à 12h30 lorsque Nordine Amrani a ouvert le feu sur la place Saint-Lambert, en plein centre de la Cité ardente. Cinq personnes - dont un bébé et deux adolescents - ont perdu la vie et des centaines ont été blessées.

par
Belga
Temps de lecture 4 min.

Il y a dix ans, la terreur se répandait dans la ville de Liège alors que Nordine Amrani, âgé de 33 ans, ouvrait le feu depuis une plateforme surplombant la place Saint-Lambert, située en plein centre-ville. Une place habituellement bondée en ce mois de décembre alors que le village de Noël se tient juste à côté. Sur le temps de midi, la place était aussi remplie d’écoliers, attendant le bus pour rentrer chez eux après leurs examens.

Armé d’un fusil d’assaut de type FAL et de grenades, le trentenaire tue cinq personnes et en blesse 125 autres. Parmi les victimes mortelles figurent un bébé de 17 mois, deux adolescents de 15 et 17 ans qui sortaient d’examen, un jeune de 20 ans et une femme âgée de 75 ans.

L’assaillant a mis fin à ses jours, se tirant une balle dans la tête. Dans son sac, les autorités ont découvert d’autres munitions, ce qui laisse supposer que le bilan aurait pu être bien plus lourd encore.

Panique

Après les tirs, le centre-ville est bouclé par la police et les passants se réfugient dans les commerces, dont ils n’ont pu sortir pendant plus d’une heure. La panique envahit la Cité ardente, une rumeur faisant état de trois auteurs, dont deux en fuite. Les tueurs étaient repérés partout alors que la police avait rapidement identifié Nordine Amrani et confirmé qu’il s’agissait d’un acte isolé.

Au moment de la tuerie, Nordine Amrani se trouvait en liberté conditionnelle. Il avait été condamné en 2008 pour trafic de stupéfiants. Auparavant, en 2003, il avait été condamné pour le viol d’une mineure en situation de handicap. Sorti de prison en octobre 2010, il était convoqué le jour des faits à la brigade judiciaire pour des faits de mœurs. Il ne s’est jamais rendu à son rendez-vous.

Après la tuerie, un corps est découvert dans un hangar situé à proximité du domicile de Nordine Amrani. Il s’agissait de son aide-ménagère, tuée d’une balle dans la tête.

Dépôt de fleurs

Choqués par cette fusillade, les Liégeois et Liégeoises affluent dans les jours qui suivent sur la place Saint-Lambert, recouverte de fleurs, peluches, bougies et messages de condoléances. Une plaque commémorative est apposée sur les lieux un an jour pour jour après la tuerie.

Pour marquer le dixième anniversaire de cette tragédie, en accord avec les familles et le village de Noël, des fleurs seront déposées lundi 13 décembre devant la stèle commémorative, indique la responsable communication du bourgmestre de Liège Willy Demeyer. L’hommage se terminera par l’hymne belge la Brabançonne.

Le procès toujours en cours

Dix ans après, le procès au civil n’est toujours pas terminé. Plusieurs victimes ont mis en cause la responsabilité de l’Etat belge dans cette tuerie, estimant que l’assaillant, Nordine Amrani, n’aurait pas dû être libéré sous conditions. Cinq personnes avaient perdu la vie dans la tuerie.

L’audience consacrée aux plaidoiries a été fixée par le tribunal civil de Liège au 15 février 2022. Elle est issue d’un long parcours judiciaire. La première partie des débats a été consacrée à trancher si les victimes avaient le droit de mettre en cause la responsabilité de l’Etat belge dans la libération de Nordine Amrani. Cela avait abouti devant la Cour constitutionnelle, qui avait suivi l’argumentaire des victimes.

Plusieurs familles de victimes estiment que la libération conditionnelle de Nordine Amrani a été accordée trop tôt et dans de mauvaises conditions, selon Me Alexandre Wilmotte, qui les défend. Le contrôle du suivi des conditions aurait été lacunaire ou inexistant, aucune des conditions posées n’ayant été respectée.

La Cour constitiutionnelle a estimé qu’un tiers qui estime avoir subi un dommage après la décision du tribunal de l’application des peines ou de son application pouvait mettre en cause la responsabilité de l’État. Le 15 février prochain, les plaidoiries pourront débuter.