Le monde universitaire belge ciblé par les plaintes d’agressions sexuelles

Le témoignage du climatologue Jean-Pascal van Ypersele fait trembler l’UCLouvain et les autres universités du pays.

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Le mouvement est parti de Flandre mais s’étend petit à petit à la Wallonie. Depuis quelques semaines, des voix se font entendre pour dénoncer les agressions sexuelles qui auraient lieu dans le milieu universitaire. Le dernier témoignage en date? Celui de Jean-Pascal van Ypersele, professeur à l’UCLouvain. «On ne parle pas ici de simples propos grossiers, c’est bien plus lourd, ce sont des gestes, des formes d’agressions sexuelles. J’ai connaissance d’une douzaine de cas qui se sont déroulés dans sept facultés différentes, soit quasi la moitié des facultés de l’UCLouvain. Pour vous donner une idée du degré d’importance de ces affaires, l’une d’elles au moins fait l’objet d’une instruction judiciaire, cela a été confirmé par le parquet de Nivelles», a-t-il confirmé à la RTBF et De Morgen.

Des hommes occupant des postes à responsabilité

Plusieurs comportements passant de la blague de très mauvais goût à l’agression sexuelle sont ciblés. Toujours selon les informations de la RTBF, les victimes sont des membres du personnel et non des étudiantes. «Dans trois cas au moins parmi les témoignages que j’ai reçus, les autorités académiques ont fait taire les victimes. Il faut dire que, très souvent, il s’agit d’hommes occupant des postes à responsabilité. Par exemple, quelqu’un en position d’autorité a agressé physiquement une femme. Elle a porté plainte, mais il ne s’est rien passé. Pire, plusieurs femmes ont été informées qu’elles auraient des problèmes si elles portaient plainte, entre autres parce que l’agresseur pourrait profiter de son poste pour mettre en péril les études ou la carrière de la victime ou de membres de sa famille. Ce sont clairement des menaces de représailles», indique-t-il, avant de donner l’exemple d’un homme qui a forcé une femme à l’embrasser avant de devenir doyen de faculté.

Interrogée par la Libre, la recteur à la politique du genre de l’UCLouvain, Tania Van Hemelryck, a indiqué que deux cas de harcèlement sexuel sont actuellement à l’instruction au sein du rectorat. Selon elle, certaines affaires auraient éventuellement pu rester confidentielles au sein de certaines facultés. «Nous n’avons connaissance que des plaintes qui parviennent via la cellule Together, qui travaille de façon confidentielle et indépendante. Mais cela ne minimise pas la responsabilité de l’université. Je ne peux que saluer la prise d’initiative de M. Van Ypersele qui met la problématique sous le feu des projecteurs. Nos efforts ne sont pas suffisants. On doit aller plus loin et responsabiliser tous les membres du personnel qui sont dans des postes hiérarchiques», a-t-elle indiqué.

Pour dire stop au harcèlement, deux manifestations estudiantines ont eu lieu ce mardi à 13h à Namur et à Louvain-la-Neuve.