Rentrée scolaire : L'uniforme revient à la mode

Actuellement, moins de dix établissements exigent l'uniforme au sens strict du terme dans notre pays. Mais le nombre d'écoles désirant imposer un code vestimentaire rigide augmente chaque année en Belgique. Ce sont surtout les écoles catholiques qui l'ont réinstauré, comme l'Institut de la Vierge Fidèle à Bruxelles, où plusieurs membres de la famille royale ont été scolarisés.
Le Sacré-Cur de Jette, par exemple, est lui aussi repassé à « l'uniforme ». Dans son enceinte, pas question de porter des vêtements de marques ou de mini-jupes. Un formulaire téléchargeable sur le site de l'école explique aux parents ce que leurs enfants doivent impérativement porter. Le bas de la tenue doit être en tissu bleu marine avec une coupe classique, le haut doit être bleu-ciel ou blanc recouvert d'un pull ou d'un gilet (et pas d'une veste !) à nouveau bleu marine. La tenue peut être commandée directement à l'école mais sans obligation ni exigence de prix.
Plusieurs écoles du réseau officiel, à l'image du Lycée Guy Cudell à Saint-Josse (depuis 2014), imposent quant à elles un code vestimentaire ou un simple code couleurs.
Si la tenue obligatoire peut déjà paraître très stricte pour certains, les uniformes présentant l'insigne de l'école sont quant à eux toujours portés de nos jours, mais en dehors de nos frontières. En Irlande et au Royaume-Uni, les écoles privées les imposent. C'est surtout au Japon et en Corée du Sud que ce type d'uniforme est le plus porté. Dans ces deux pays, il constitue un élément important de l'image de marque de l'école et parfois même un critère de sélection pour les élèves.
Pour ou contre ?
En Belgique, il s'agit d'abord d'une volonté des écoles d'empêcher le port de tenues qu'elles jugent inappropriées mais aussi de lutter contre la discrimination et les inégalités sociales en effaçant la « guerre des marques ». C'est également un moyen pour l'élève de se recentrer sur son apprentissage, estiment les défenseurs de l'uniforme. Parmi les autres avantages souvent avancés, citons son côté rassembleur avec un sentiment d'appartenir à une même communauté. Il permet également d'éviter la surconsommation mais aussi d'identifier les élèves d'une même école plus facilement en cas de danger ou d'attaque.
Si l'on n'a pas de mal à comprendre les avantages que le port de l'uniforme peut apporter aux élèves, ne s'agit-il pas toutefois d'un retour en arrière ? Un retour à une période où les enseignants tapaient aussi sur les doigts des bambins avec une règle ?
Pour ses détracteurs, l'uniforme peut avoir pour « effet secondaire » un sentiment d'étouffement et ainsi empêcher l'élève de s'exprimer pleinement. L'achat obligatoire d'un uniforme peut, en outre, représenter un certain coût pour une famille défavorisée. De plus, à moins qu'un modèle spécial ne soit imposé, la qualité des vêtements peut varier entre les élèves et également causer de la discrimination. L'uniforme peut aussi participer à la construction d'une image élitiste, en différenciant les écoles.
Il ne s'agirait donc que de la poudre aux yeux. Quoi qu'il en soit, il semble que le débat soit chaque année de plus en plus vif dans notre pays. Qui sait, peut-être verra-t-on à nouveau fleurir les uniformes dans les cours de récré d'ici quelques années ?
Les origines de l'uniforme en classe
L'uniforme scolaire est apparu pour la première fois en Angleterre au 16e siècle. Et contrairement à ce que l'on pourrait penser, il a été adopté par les écoles de charité accueillant des élèves pauvres. Ce n'est qu'à partir du 18e siècle qu'il a débarqué chez nous.
C'est pour ramener la discipline dans les classes que l'uniforme obligatoire a été instauré. Tout comme pour les militaires, il est très strict et synonyme de soumission à l'autorité. De quoi calmer les enfants et ados les plus rebelles et tumultueux.
Au début du 20e siècle, l'école est fréquentée, en majorité, par des élèves issus de la bourgeoise. Ce sont donc ces derniers qui portent l'uniforme. A partir des années 50-60, l'école s'ouvre à tous les milieux sociaux et l'uniforme est donc porté par tous. Après mai 68, la tenue vestimentaire obligatoire va progressivement disparaître