Simba, un étudiant bruxellois en route vers la Pologne pour soutenir les enfants ukrainiens

Depuis le 1er mai dernier, un étudiant de la VUB marche en direction de la Pologne pour sensibiliser sur la guerre en Ukraine et la situation des réfugiés qui n’ont plus accès au système éducatif.

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Rédaction en ligne
Temps de lecture 4 min.

Le 2 mars 2022, la Belgique et le reste du monde ont découvert avec effroi que la Russie avait décidé d’envahir l’Ukraine. Une nouvelle que chacun a dû assimiler et qui a poussé de nombreux citoyens à se mobiliser en faveur de la population ukrainienne. Si certains ont décidé d’accueillir des réfugiés chez eux, d’autres se sont lancés dans des initiatives plus originales.

C’est notamment le cas de Simbarashe Manyika, surnommé Simba, un professeur et étudiant de 34 ans en dernière année à la VUB qui a décidé de se rendre en Pologne à pied. Son but? Sensibiliser et récolter de l’argent pour les élèves ukrainiens et leurs professeurs qui sont privés d’éducation depuis le début du conflit. «L’invasion en Ukraine m’a brisé le cœur», confie Simba. «J’ai pensé à mon propre enfant, aux enfants à qui j’ai donné cours au Zimbabwe, aux enfants partout dans le monde… Pourquoi devrions-nous accorder plus d’importance à ceux que nous connaissons par rapport à ceux que nous ne connaissons pas? La réponse à la crise en Ukraine me réchauffe le cœur et je voulais en faire partie. Je ne pouvais pas rester chez moi. Je devais faire quelque chose».

Pour Simba, cette marche est une véritable nouvelle expérience. «Cette année à l’université m’a ouvert les yeux. Alors que j’étais destiné à rester à la ferme au Zimbabwe, des femmes fortes m’ont encouragé à m’éduquer. Loin de chez moi, j’ai eu la chance de réfléchir à qui je suis et d’où je viens. Trop souvent, le continent africain est regardé avec pitié et associé à la guerre, à la famine, aux maladies. Je veux montrer une image différente. Je suis heureux d’être Africain car nous sommes généreux», indique-t-il.

«Une question de vie ou de mort»

Dans ses études, Simba a vu comment le monde était capable de se mobiliser après les catastrophes. Il a également constaté que l’éducation ne faisait malheureusement pas partie des priorités après des désastres. «En fait, seuls 4% à 5% de l’argent dégagé est consacré à l’éducation en cas d’urgence. Même en cas de crise, les réponses humanitaires n’ont pris l’éducation au sérieux que très récemment. On l’entend toujours: il faut s’occuper de la nourriture, de l’eau, du logement, et seulement après tout cela vient la question de l’éducation. C’est là que les professeurs interviennent. Et c’est pour cela que l’éducation ne peut pas attendre. Les professeurs peuvent autant être une bouée de secours que la nourriture, l’eau, ou le logement. Ils réunissent les familles et établissent des choses pour assurer un sentiment de normalité et de sécurité. Les professeurs offrent de l’espoir. Grâce à un cadre sûr, ils éloignent les enfants des risques liés à des conditions insalubres, aux mines terrestres, aux prédateurs, au crime organisé, aux trafiquants et agresseurs. L’éducation dans des situations d’urgence est une question de vie ou de mort», poursuit Simba.

Durant sa marche, lancée avec l’aide de 18 autres étudiants de la VUB, Simba rencontre des citoyens, surtout des professeurs, et discute avec eux d’éducation. «Certains sont sceptiques et pensent que les éducateurs ne peuvent pas faire grand-chose. D’autres se montrent cyniques. Mais une chose est universelle. Dès que je décris ce que je fais à un professeur, il comprend en une minute. Les gens m’ouvrent leurs maisons et leurs cœurs», se réjouit Simba.

Voir le monde autrement

Peu importe le point de vue de ceux qu’ils rencontrent, il assure que chaque rencontre est riche. Il pointe cependant quatre choses qu’il a apprises depuis le début de sa marche. La première est que «la douleur est universelle», peu importe la langue. Simba se réjouit également qu’il y ait du bon dans l’humanité qui se montre toujours «prête à aider les autres de manière désintéressée». Il rappelle aussi que «les femmes jouent un rôle vital dans nos vies». Il pointe pour cela le nombre de femmes qui ont quitté leur mari pour chercher un endroit plus sûr afin que leurs enfants soient moins traumatisés par la guerre et les bombardements. Simba se réjouit finalement que «l’amour est aveugle, peu importe l’âge ou la couleur». «On dit que l’Ukraine est au centre de toutes les attentions car de nombreux réfugiés sont blancs, mais que les réfugiés de couleur, qui viennent de Syrie et d’Afghanistan, ne mobilisent pas l’attention mondiale. Je ne le vois pas de cette manière. Je vois des gens qui souffrent, point à la ligne. Je souhaite parler de l’éducation pour tous, peu importe l’origine», détaille Simba.

Il lui reste désormais quelques jours pour rejoindre la Pologne. Son arrivée à Varsovie est normalement prévue pour le vendredi 27 mai.