Pourra-t-on un jour devenir invisible?

Bien que ce soit un peu flippant, le fait de devenir invisible a toujours fait rêver les petits et les grands. Et plus les années avancent, plus cela tend à devenir une réalité!

par
Thomas Wallemacq
Temps de lecture 4 min.

Qui n’a jamais rêvé de devenir invisible, pouvoir voir et écouter sans être vu? De la littérature au cinéma, de «L’homme invisible» à «Harry Potter», de nombreuses œuvres de fiction ont alimenté ce fantasme. Et si la fiction devenait réalité? Car, si pendant longtemps, l’invisibilité via des techniques de camouflages a été réservée aux animaux (du caméléon à la pieuvre, en passant par tout un tas d’insectes), le développement scientifique et technologique pourrait, dans un futur plus ou moins proche, rendre la cape d’invisibilité, on ne peut plus réelle.

Quand la science s’en mêle

L’invisibilité intéresse depuis longtemps les scientifiques et les progrès en la matière avancent à grand pas. Le physicien britannique John Pendry est particulièrement calé en la matière. En 2006, avec des chercheurs de l’université Duke, en Caroline du Nord, grâce à un faisceau de micro-ondes, il a réussi à rendre invisible à l’œil un cylindre de cuivre de 10 cm. Six ans plus tard, des chercheurs de l’université d’Austin ont repoussé les limites encore un peu plus loin avec cette fois un objet de 18 cm. Néanmoins, à ce rythme-là, il faudra attendre des dizaines d’années avant de rendre invisible un humain. Mais rien n’est impossible. «Il n’y a pas d’impossibilité théorique. Mais il faudrait atteindre un niveau de maîtrise en matière de nanotechnologies encore difficile à envisager (…) personne ne connaît encore les limites des nanotechnologies. Si on parvient un jour à travailler à l’échelle de l’atome, tout est possible», indiquait il y a deux ans à Usbek&Rica le mathématicien Sébastien Guenneau.

D’autres chercheurs se concentrent sur la biologie et la génétique pour toucher du doigt l’invisibilité. En juin 2020, des chercheurs de l’université de Californie à Irvine (UCI) ont ainsi réussi à cultiver des cellules humaines modifiées avec une protéine de calamar femelle permettant à ce dernier de se camoufler et de devenir transparent pour se protéger des prédateurs. «Pendant des milliers d’années, l’espèce humaine a été fascinée par le don d’invisibilité. Notre projet, bien ancré dans le royaume des sciences, s’est concentré sur la conception de cellules et de tissus humains capables de contrôler la diffusion, la réflexion et l’absorption de lumière», indiquait à l’époque Atrouli Chatterjee, l’autrice principale de cette étude.

Le nouveau camouflage

S’il y a bien un domaine où il est primordial de ne pas être vu, c’est bien à la guerre. Étonnamment, c’est seulement au début du 20e siècle que les armées ont pris conscience de l’importance du camouflage. Pendant longtemps, les soldats français ont arboré fièrement les couleurs nationales (le rouge et le bleu) sur leurs uniformes. Au début des années 1900, toutes les nations ont peu à peu opté pour un uniforme militaire neutre (le kaki pour les Anglais en 1902, le vert pour les Russes en 1907 et différentes nuances de gris pour les Allemands, les Autrichiens et les Italiens dans les années suivantes). C’est en 1914 qu’est apparu le mot camouflage dans le jargon militaire et qu’un Français a inventé une veste «léopard» dont le motif reste semblable à celui utilisé de nos jours.

Mais depuis quelques années, le camouflage ne suffit plus. Les armées sont équipées de visions thermiques qui permettent de voir des véhicules et des hommes à plusieurs kilomètres. Pour ne plus être vu sur le terrain, des nouvelles technologies se développent et elles tendent de plus en plus vers l’invisibilité. L’entreprise canadienne Hyperstealth travaille sur une sorte de bouclier transparent qui, dans certaines conditions, rend la personne qui le porte invisible. Pour faire simple, il se présente sous la forme d’une fine plaque de polymère dont les motifs en relief ont la particularité de disperser la lumière réfléchie par les objets (ou les humains) placés immédiatement derrière. Le résultat est bluffant et la cape d’invisibilité d’Harry Potter n’a ainsi jamais été aussi proche.

Comment être invisible en 2023 ?

Si l’idée d’une cape d’invisibilité continue de faire rêver, dans notre société ultra-connectée, c’est une autre forme d’invisibilité qui semble de plus en plus attirer. Il suffit de commencer à taper «comment devenir invisible» sur Google etsevoir proposer de devenir invisible sur Facebook, sur WhatsApp ou sur Internet. Toujours dans l’optique d’être de moins en moins visibles (et parfois pour des raisons douteuses), certains abandonnent leur smartphone pour revenir au «dumb phone», un bon vieux téléphone qui permet uniquement de téléphoner, d’envoyer des SMS et éventuellement de jouer à Snake. Enfin, une autre forme d’invisibilité dans notre société actuelle est de pouvoir échapper aux caméras équipées de reconnaissance faciale dans la rue. Pour cela, la start-up italienne Cap_able a créé une collection de vêtements dont les motifs déjouent les systèmes de reconnaissance faciale. À défaut d’une cape d’invisibilité, voici donc un moyen d’être invisible en 2023!

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