Un boost inédit pour le train de nuit : bientôt de nouvelles destinations ?

C’est une première européenne: la Belgique vient d’acter un système inédit visant à favoriser l’essor des trains de nuit au départ ou à destination de la Belgique. Prêt à embarquer vers de nouvelles destinations?

par
Oriane Renette
Temps de lecture 4 min.

S’endormir à Bruxelles et se laisser bercer par les rails pour se réveiller dans les plus belles villes européennes. Le train de nuit a de quoi faire rêver! Moyen de transport écologique par excellence, le train est également rapide et sûr. Ce qui en fait une alternative parfaite à l’avion pour les voyages moyenne distance.

Et la demande est bien là. Le succès du Nightjet, reliant Bruxelles à Vienne, en fait d’ailleurs une démonstration de force. Et Bruxelles, avec saposition de choix au cœur de l’Europe, a de quoi convaincre les opérateurs. Reste donc à l’offre internationale de suivre.C’est pourquoi, afin de booster leur développement et élargir au plus vite l’offre des liaisons de nuit, la Belgique vient de mettre sur pied un mécanisme de soutien inédit.

En quoi ça consiste?

Dans son accord de gouvernement, la Vivaldi affichait sa volonté de développer l’offre de trains de nuit. C’est désormais chose faite. La Belgique tient son dispositif d’aide, un système unique en Europe. Celui-ci est destiné aux opérateurs européens, actuels et futurs, des trains de nuit.

On sait que ces opérateurs peuvent rencontrer des difficultés financières à se lancer, notamment en raison des spécificités des trains de nuit: mise en place d’une billetterie internationale, fréquence de circulation réduite et matériel spécifique. Et le matériel est d’autant plus difficile à acheter dans un contexte de pénurie liée à la guerre en Ukraine. Aussi, pour leur donner un coup de pouce, notre pays, à l’initiative du ministre de la Mobilité, Georges Gilkinet (Ecolo), lance un subside financier pour les aider à démarrer.

Concrètement, la Belgique prendra à sa charge les frais de redevance pour l’utilisation du réseau ferroviairepar les opérateurs et leurs coûts en énergie de traction. Dans la pratique, l’État belge versera ces fonds directement au gestionnaire de l’infrastructure ferroviaire (c’est Infrabel, en Belgique). Gestionnaire qui remboursera ensuite les factures des opérateurs.Budget consacré àcette mesure: 2 millions €.

Ce soutien inédit ne s’applique évidemment qu’aux trains de nuit et, forcément, qu’aux parcours effectués sur le réseau belge. Et le systèmepourrait rapidement produire ses effets puisqu’il est prévu pour les années 2023 et 2024. Son entrée en vigueur dépendra toutefois de la date d’approbation du régime d’aide par la Commission européenne.

La proposition de loi (qui contient bien entendu un mécanisme de contrôle) a été votée ce mercredi en Commission mobilité. Ce faisant, la Belgique répond également au souhait de la Commission européenne, qui dans son Green Deal, encourage les états membres à soutenir les opérateurs en travaillant sur des redevances d’infrastructure ajustées, afin de rendre les trains de nuit plus attractifs.

Pour aller où?

Les Belges verraient donc de nouvelles destinations, même situées à plus de 1.000 km, accessibles en train en l’espace d’une nuit. On pense à l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, l’Italie, l’Espagne, et la Suisse bien sûr. Mais aussi à l’Autriche, la République tchèque, la Suède, la Pologne,etc.

À l’inverse, c’est aussi assurer un accès facile et écologique à notre pays pour les Européens.

Plus que jamais, voir l’émergence d’un tourisme européen décarboné est le souhait des plus jeunes générations. Et le train est un véritable levier pour accélérer la transition écologique. En effet, le ferroviaire a la plus faible empreinte carbone par kilomètre parcouru. Ce n’est donc pas pour rien que l’objectif soit de doubler sa part modale d’ici 2040, afin de concrétiser les engagements de l’Accord de Paris (maintenir le réchauffement sous la limite des 2 ºC et, si possible, des 1,5 ºC).

QUELS PROJETS SUR LES RAILS ?

Disparus l’un après l’autre dans les années 2000, les trains de nuit font aujourd’hui leur grand retour en Europe. Après ÖBB et sa liaison Bruxelles-Vienne, de nouvelles compagnies débarquent sur le marché. À commencer par l’opérateur belgo-néerlandais European Sleeper, pour un Bruxelles – Amsterdam – Berlin. Le coup de sifflet du premier départ sera donné le vendredi 26 mai à 19h22. En 2024, le parcours sera étendu jusqu’à Dresde et Prague, a précisé European Sleeper. La compagnie ambitionne également de lancer une ligne vers Barcelone au printemps 2025. Un train de nuit saisonnier est aussi à l’étude. Avec des connexions hivernales entre la Belgique (Bruxelles et Anvers) et les stations de ski autrichiennes (dont Salzbourg et Innsbruck); et une liaison estivale entre la Belgique (Bruxelles et Liège) pour rejoindre la Suisse et l’Italie du nord (Côme et Milan). Enfin, une liaison de nuit entre Bruxelles et Malmö (via Cologne et Copenhague) a elle aussi été envisagée.

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