Comment se déroule la carrière des Bruxellois?

L’HIVA, l’institut de recherche sur le travail et la société affilié à la KU Leuven, a mené une vaste recherche pour le compte d’Actiris. Le but? Analyser la carrière des Bruxellois.

par
Rédaction en ligne
Temps de lecture 5 min.

Pour la première fois, l’HIVA fournit une image détaillée du recrutement et de l’évolution des carrières des Bruxellois. Avec un large échantillon couvrant la période de 2009 à 2019, les chercheurs et chercheuses de l’HIVA ont utilisé pour la première fois des données sur la situation familiale. Autre première: l’HIVA a également analysé les familles monoparentales, donnant pour la première fois des chiffres détaillés sur ce groupe vulnérable. Voiciquelles sont les conclusions de ce rapport.

1. L’emploi mène à l’emploi

Les résultats de l’analyse indiquent un lien fort avec la qualité et la durabilité des carrières: par exemple, l’étude constate que les Bruxellois qui sont au chômage avant d’être recrutés sont plus susceptibles d’occuper des emplois de courte durée avec des horaires flexibles et irréguliers. En revanche, les personnes qui travaillaient déjà et qui effectuent un changement d’emploi retrouvent plus souvent des emplois à temps plein, avec des contrats à plus long terme. En résumé, si vous avez un emploi, vous avez beaucoup plus de chances d’avoir encore un emploi (différent) plusieurs années plus tard. Si vous alternez souvent des périodes d’emploi avec des périodes de chômage ou d’inactivité, vous avez plus de chances d’être confronté à des périodes de chômage et à une carrière souvent moins durable.

2. L’importance de la formation

Un quart des Bruxellois récemment embauchés ont un faible niveau d’instruction et 46% ont un niveau d’instruction élevé. Les Bruxellois sans diplôme du secondaire sont plus susceptibles de se retrouver dans des emplois à court terme avec des horaires irréguliers, d’être inactifs pendant plus longtemps avant le recrutement et d’être au chômage ou inactifs trois ans après le recrutement, quel que soit le secteur dans lequel ils sont employés.

Les chercheurs d’emploi bruxellois peu qualifiés et les Bruxellois inactifs constituent un groupe particulièrement vulnérableet ont moins de chances de trouver leur place sur le marché du travail. En revanche, les profils hautement qualifiés trouvent beaucoup plus facilement leur chemin vers le marché du travail, même s’ils étaient initialement sans emploi.

3. Les difficultés des parents célibataires

Les célibataires et les parents isolés sont plus susceptibles d’être inactifs pendant une longue durée avant le recrutement. C’est certainement le cas lorsque le parent isolé a un enfant de moins de 12 ans. Dans ce cas, seuls 20% environ des parents isolés ont travaillé sans interruption au cours des deux années précédant le recrutement. Ce pourcentage double lorsque l’enfant a plus de 12 ans.

En outre, les célibataires et les parents isolés sont plus susceptibles de se retrouverdans des emplois de courte durée (moins de 3 mois), alors que les partenaires d’un couple trouvent des emplois plus durables d’un an ou plus. Les célibataires et parents isolés ont également plus de chance d’être au chômage ou inactifs 3 ans après leur recrutement.

4. Les familles sans emploi sont vulnérables

L’étude montre des différences importantes entre les familles où tout le monde a un emploi et les personnes issues de familles où personne n’a d’emploi. Les premières sont plus susceptibles de changer d’emploi sans interruption, sont hautement qualifiées et se retrouvent dans des secteurs plus stables, tandis que les personnes issues de familles où peu de membres travaillent sont plus susceptibles d’alterner des périodes d’inactivité ou de chômage avec un emploi, sont plus souvent peu qualifiées et ont plus de chances que la moyenne de trouver un emploi dans des secteurs plutôt vulnérables tels que le secteur des agences d’intérim et l’Horeca.

5. Miser sur la formation

«Ce n’est pas neuf: plus on est éloigné du marché du travail, moins on a de chance de décrocher un emploi. Cette nouvelle étude le confirme. Mais surtout elle me conforte dans la voie choisie pour permettre à plus de Bruxellois de décrocher un emploi: miser encore plus sur la formation! Et c’est grâce au bilan de compétences linguistiques, numériques et professionnelles complété d’un parcours de formation que les chercheurs d’emploi bruxellois pourront se profiler sur le marché de l’emploi et être rapidement embauchés», a réagi Bernard Clerfayt, ministre bruxellois de l’Emploi et de la Formation Professionnelle.

Il y a quelques jours, une étude réalisée par Bruxelles Formation, en collaboration avec Actiris et view.brussels, montrait que deux ans après leur entrée en formation à Bruxelles, 71% des chercheurs d’emploi ont quitté le chômage vers l’emploi, contre 54%, en l’absence de formation.

«Cette étude confirme de nombreux éléments que nous connaissions déjà ou que nous soupçonnions, mais il est particulièrement précieux de pouvoir les objectiver de manière aussi détaillée et sur une période aussi longue. En outre, de nouveaux paramètres tels que l’influence du travail au sein de la famille ou l’impact de la prise en charge de (jeunes) enfants sur une carrière ont été étudiés en profondeur pour la première fois. Les conclusions montrent que les défis sont et restent importants», a quant à elle estimé Cathy van Remoortere, directrice de la de la Direction Marché de l’Emploi et Inclusion d’Actiris.

Retrouve toute l’actu sur Metrotime.be