Qu’est-ce que le TATP, cette substance utilisée par les terroristes lors des attentats de Bruxelles?

Ce mardi, la parole était aux experts devant la cour d’assises de Bruxelles qui juges les attentats du 22 mars 2016. Alexandre Herman, spécialiste des composants chimiques, a notamment livré le résultat de ses analyses en ce qui concerne le TATP, qui a été utilisé par les terroristes. Voici ce qui ressort de son expertise.

par
Belga
Temps de lecture 3 min.

L’expert Alexandre Herman, de l’École royale militaire, spécialisé dans l’analyse des composants chimiques d’explosifs, a présenté mardi matin, devant la cour d’assises de Bruxelles qui juge les attentats du 22 mars 2016, les résultats de ses analyses. Elles ont été effectuées notamment sur des vêtements retrouvés dans les planques de la cellule terroriste. Mais le chimiste a surtout été questionné sur le procédé de conservation du TATP et sur sa sensibilité.

Alexandre Herman a présenté le résultat de ses analyses effectuées sur neuf vêtements que les enquêteurs lui ont remis. Il s’agissait de vestes, pulls et pantalons saisis dans les planques de la cellule terroriste, notamment celle de la rue Max Roos à Schaerbeek où environ 130 kilos de TATP ont été fabriqués en quinze jours en mars 2016. Sur les neuf vêtements analysés, quatre contenaient des «quantités significatives d’acide sulfurique».

Quelle conservation pour l’explosif?

Sur question de la présidente, l’expert a précisé qu’il est peu probable que des ions d’acide soient présents sur les vêtements d’une personne qui ne manipule pas ladite substance. Mais, a-t-il ajouté, il est possible que le TATP, après s’être évaporé en partie, se cristallise ensuite sur les vêtements, bien que cet explosif est «peu volatil».

Une autre question posée par la présidente de la cour a porté sur la conservation du TATP. «Si l’on fabrique cela en avril pour un projet [d’attentat] en juin, qu’en est-il de l’efficacité?», a-t-elle demandé. Pour rappel, il ressort de divers éléments de l’enquête que la cellule terroriste voulait de nouveau frapper la France, lors de l’Euro de football en juin 2016, mais qu’elle a finalement agi dans la précipitation, à Bruxelles, le 22 mars, à la suite de l’arrestation de Salah Abdeslam. Selon Alexandre Herman, le TATP peut rester dans son contenant sans être altéré pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

Un explosif très sensible

L’expert a toutefois précisé que l’explosif, qui a l’aspect d’une poudre blanche, est toutefois très sensible et représente un risque d’explosion permanent, dès que la température change par exemple ou en cas de choc du contenant.

Quant à la neutralisation du produit, il a indiqué que le fait de le tremper dans l’eau diminue en tout cas certainement les effets de celui-ci. Pour rappel, il ressort des auditions d’Osama Krayem qu’il s’est débarrassé de sa bombe artisanale en vidant le TATP dans les toilettes de la planque de l’avenue des Casernes à Etterbeek. Il l’a évacué par petites doses, selon ses dires, en tirant la chasse d’eau régulièrement, jusqu’à boucher les toilettes, ainsi qu’en partie dans la douche.