"Moebia", le roman dont les dessins sont entièrement réalisés par une intelligence artificielle

Ces auteurs un peu particuliers ont réalisé un roman graphique entier en utilisant une technologie qui permet de faire des dessins à partir de phrases soumises à un algorithme.

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C’est une histoire qui pourrait faire l’objet de romans fantaisistes, pourtant elle est bien réelle. Moebia est un roman de 70 pages sorti cet été et qui a entièrement été dessiné à partir d’un texte. L’histoire, dont le style fait penser à celui du dessinateur Moebius, raconte l’arrivée d’un groupe de formes vivantes sur Terre où l’humain n’est plus. Ce roman est réalisé par un studio français de création appelé u2p050. Ils utilisent les algorithmes d’intelligence artificielle et la technique du «text to pix» pour traduire le texte en dessins.

Un concours d’algorithmes

Cette intelligence artificielle est, en fait, un réseau génératif antagoniste (GAN). Inventée en 2014, elle permet de créer des images très réalistes. Inspirée par la théorie des jeux, elle consiste à opposer deux réseaux. Le premier est générateur, c’est-à-dire qu’il génère l’image. Le second est le discriminateur, il s’occupe de détecter si oui ou non la production réalisée par le générateur est un échantillon réel ou si c’est juste la production du générateur. Ce dernier est donc programmé pour tromper le discriminateur.

L’algorithme utilisé par les chercheurs est VG-Gan. Ce qu’il fait c’est ce qu’on appelle du «text to pix», il traduit en image (ici en dessins) le texte donné. En fonction de la banque d’images qui lui est associée, l’algorithme propose des résultats différents. Il y en a donc différentes versions. Pour créer ce roman graphique, l’équipe d’u2p050 a utilisé une extension Google, inventée par la chercheuse Katherine Crowson.

L’intervention humaine reste importante

Bien que cette intelligence artificielle génère toute seule les images, l’encadrement humain reste impératif. Pourquoi? Parce que lorsqu’on rentre une phrase dans l’algorithme pour le traduire, des milliers d’images sont alors créées. L’intervention humaine se situe dans la vérification du nombre de visuels nécessaires pour avoir le résultat qui plaît. Une fois que c’est trouvé, il faut programmer l’algorithme de sorte qu’il produise toujours le même résultat, une production de 2000 images, par exemple.

«C’est un procédé très addictif qui repose sur du feedback entre la machine et l’humain, explique Michel Nerval, l’un des co-auteur du livre, au média Sciences et Avenir. Si l’image ne nous plaisait pas, nous rajoutions ou retirions un mot du texte».

Le livre est aujourd’hui disponible sous forme numérique, 200 exemplaires ont également été imprimés.