Qu’est-ce qu’on lit? «À qui profite l’exil? Le business des frontières fermées»

Dans la BD documentaire «A qui profite l’exil?» parue aux éditions Delcourt, la journaliste Taina Tervoren s’est associée au dessinateur Jeff Pourquié pour livrer un reportage éclairant sur le business de l’exil.

par
T.W.
Temps de lecture 2 min.

Ça raconte quoi?

En adoptant une vision humaine ou globale, Taina Tervonen (Les Otages, chez Marchialy) et Jeff Pourquié, brossent avec précision et empathie le tableau du business de l’exil, en coédition avec La Revue Dessinée. Qui profite des moyens engagés en faveur de la fermeture des frontières? Que se passe-t-il quand on retrouve des corps sur les plages? Sait-on que les frontières de l’Europe se sont délocalisées au Sahara? Qui sont les sans-papiers qui font fonctionner l’économie? Trafiquants, industriels de la défense, employeurs européens profitent de ce système sans se préoccuper des 40 000 morts et disparus.

Ce qu’on en pense

Un cimetière en Sicile, un bateau de pêche transportant 800 personnes au large des côtes libyennes, la frontière de l’Algérie avec le Niger, les pêcheurs sénégalais, les travailleurs sans-papiers à Paris, tout au long d’un reportage dessiné de 175 pages, la journalisteindépendante Taina Tervonen livre un reportage édifiant et éclairant sur le business de l’exil.Elle n’y va pas par quatre chemins. Pour elle, les personnes décédées en tentant de traverser la Méditerranée ne sont pas une fatalité. «Les disparitions en mer sont la conséquence d’une politique européenne qui limite les voies d’arrivée légale en Europe et contrôle de façon plus stricte les frontières. C’est une aubaine pour l’industrie de la défense qui développe des outils de plus en plus sophistiqués pour surveiller les frontières», explique la scénariste.

Entre historique de la politique européenne en la matière et nombreux témoignages recueillis sur le terrain, Taina Tervoren dresse le tableau peu reluisant du business de l’exil. La BD se termine par quelques idées vous permettant en tant que citoyen d’agiren fonction de si vous avez de l’argent, si vous avez du temps, si vous avez de la place chez vous et si vous avez le droit de votre. Vous l’aurez compris, il s’agit d’une BD engagée.

«À qui profite l’exil? Le business des frontières», de Tervonen et Pourquié, éditions Delcourt, 176 pages, 20,95 €