Ces cochons nettoient les vignes

Groins dans la terre, quatre cochons labourent un vignoble de Cramant, village de Champagne classé grand cru. Leur mission: toiletter les vignes au plus près dans le cadre d’un projet pilote visant à limiter l’usage des herbicides et des tracteurs.

par
ETX
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Désherbage, aération du sol, lutte contre le mildiou et autres champignons dévastateurs: ces cochons «kunekune», une espèce courte sur pattes originaire de Nouvelle-Zélande, font un «travail complet», et «de précision», assure Olivier Zebic, consultant viticole et œnologue. Il a démarré l’expérience en 2022 dans le Bordelais, l’idée étant de remplacer le mouton, autre éco-désherbeur, mais qui «ne fait que tondre».

Atouts non négligeables

Élevés en France, les kunekune mobilisés retournent eux «Toutes les mottes d’herbe et mangent même les racines pivotantes, ce qui empêche la repousse», détaille M. Zebic, un ingénieur agronome originaire de la Marne.

Strictement herbivores, ces spécimens d’environ 40 kg, épargnent aussi les vers de terre, selon lui. Leur physiologie leur empêchant de lever la tête, ils ne s’attaquent pas non plus aux grappes et rameaux. Autre atout: «Ils dévorent les feuilles vivantes dès qu’elles tombent au sol, une action anti-champignons. C’est une solution pour diminuer très significativement» l’usage de produits phytosanitaires», selon M. Zebic.

Expérience concluante

L’expérimentation est menée depuis janvier sur le domaine de 22 hectares de Jean-Etienne Bonnaire, qui dirige avec son frère la maison de champagne éponyme. L’exploitation est en conversion bio, les herbicides remplacés depuis 2005 par des engins mécaniques, mais qui tassent la terre, peuvent blesser les plants, et tournent au gasoil.

«On ne pourra pas tout révolutionner avec les cochons, mais ils sont un complément, un outil en plus pour les parcelles les plus difficiles, juge M. Bonnaire. «Notamment sur les sols en côteaux, où avec les orages, on perd quatre à cinq cm de terre par an».

Pour l’heure, les kunekune s’affairent sur une parcelle de Chardonnay, gardés et protégés par une clôture électrique, sous l’œil de deux caméras de surveillance. «Un spectacle plutôt étonnant», s’amuse Maxime Toubart, président du Syndicat général des vignerons de Champagne.

Après les moutons ou les poules, également utilisées dans des vignes, mais proies faciles de prédateurs, «Il est toujours intéressant d’expérimenter», relève-t-il. Mais est-ce duplicable à grande échelle?. M. Zebic imagine déjà pour sa part une «transhumance de cochons» dans les vignes, alors que le Comité interprofessionnel du vin de Champagne vise, d’ici 2030, une certification environnementale pour 100% des exploitants.

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