Ces vêtements réalisés à base de déchets marins sont-ils une véritable solution d’avenir?

La pollution marine est un véritable désastre écologique. Décidé à débarrasser les plages et les grandes eaux de leurs détritus, tout en limitant le recours aux ressources naturelles polluantes, un entrepreneur s’est lancé dans la confection de vêtements durables à partir de ces déchets qui nuisent aux écosystèmes. Est-ce suffisant?

par
ETX Daily Up Studio
Temps de lecture 4 min.

On parle souvent de la pandémie de Covid-19 comme d’un détonateur en matière de prise de conscience écologique, mais certains acteurs avaient déjà entamé leur mue, sinon initié des projets en faveur d’une consommation et d’une production plus responsables et durables, bien avant la crise sanitaire.

Connaissez-vous Javier?

C’est le cas de l’entrepreneur espagnol Javier Goyeneche, fondateur de la marque Ecoalf, qui a fait de la pollution marine sa cible – et sa ressource – principale, dès 2009. Un modèle inspirant qui n’a cessé d’évoluer depuis ses débuts, au point de faire émerger une organisation à but non lucratif qui s’emploie aujourd’hui à nettoyer les océans. Et ce n’est pas tout, puisque la marque vient d’inaugurer un magasin conçu à partir de 3,3 tonnes de plastique recyclé et imprimé en 3D pour sensibiliser à la fonte des glaciers.

Pneus, filets de pêche, et plastique

Limiter, sinon cesser d’utiliser des ressources naturelles polluantes, en créant uniquement des produits recyclés de qualité identique, voire supérieure. Tel est le projet initial de la marque Ecoalf qui s’emploie depuis ses débuts à revaloriser des déchets tels que les pneus, les bouteilles en plastique, les filets de pêche, les algues, ou encore le marc de café, pour les transformer en vêtements et accessoires. Mais ce sont surtout les déchets marins qui servent aujourd’hui de matières premières essentielles à la marque, avec un double objectif: créer du neuf en impactant le moins possible l’environnement, et débarrasser les fonds marins des millions de tonnes de déchets qui y ont trouvé refuge au cours des dernières décennies.

«Je voulais créer une marque de mode vraiment durable et je pensais que la chose la plus durable à faire était de ne pas continuer à utiliser les ressources naturelles de la planète aveuglément, pour assurer les besoins des générations futures. Le recyclage pourrait être une solution si nous étions capables de créer une nouvelle génération de produits recyclés avec la même qualité et le même design que les meilleurs produits non recyclés», explique Javier Goyeneche sur le site officiel d’Ecoalf.

Un magasin entier en plastique recyclé

Nylon recyclé à partir des filets de pêche collectés dans les mers et océans, polyester recyclé à partir de bouteilles provenant des océans ou de déchets post-industriels et post-consommation, pneus recyclés, coton, cachemire, et laine recyclés, marc de café post-consommation, mais aussi lin et kapok, deux ressources à faible impact environnemental, constituent aujourd’hui les matières de prédilection de la marque. Un pari relevé haut la main qui a motivé l’entreprise à aller encore plus loin avec la création de la Fondation Ecoalf, une organisation à but non lucratif visant à promouvoir la collecte des déchets dans les océans avec l’aide de l’industrie de la pêche.

A travers la naissance de cette Fondation, un projet phare: Upcycling the Oceans. Il s’agit de collaborer avec des pêcheurs pour nettoyer les océans, et offrir une seconde vie – moins polluante – aux déchets collectés. Trois pêcheurs ont débuté l’aventure… Ils sont désormais plusieurs milliers à récupérer les déchets marins qui flottent dans la Méditerranée, de l’Espagne à la Grèce en passant par l’Italie. L’objectif étant de se développer partout dans le monde, comme en témoigne la récente extension du projet en Thaïlande.

Plus que des vêtements…

Mais la marque ne s’arrête pas là, puisqu’elle œuvre également en faveur de plusieurs projets de gestion des déchets, tout comme des actions de sensibilisation à l’environnement. En février dernier, elle a dévoilé, en collaboration avec le studio Nagami Design, un nouvel espace au coeur de Madrid représentant la fonte des glaciers. Une installation rendue possible grâce au recyclage et à l’impression 3D de 3,3 tonnes de plastique que l’on retrouve sur les murs, les étagères, les présentoirs et les cintres. Rien que ça.

De Seaqual Initiative à Sea2See en passant par Ankore, la marque Ecoalf n’est aujourd’hui plus l’unique acteur de la mode à piocher dans les détritus logés dans les fonds marins pour confectionner ses collections, mais la marque représente à ce jour l’un des concepts et des projets les plus aboutis. Elle a jusqu’ici permis de récupérer 1.000 tonnes de déchets marins depuis 2015.

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