Faut-il redouter un «super El Niño» cette année et quelles en seraient les conséquences?

Le retour du phénomène météorologique El Niño se confirme de plus en plus pour cet été. Ce qui laisse craindre de nombreuses catastrophes climatiques. Certains modèles prévoient même un «super El Niño» à la fin de l’année.

par
Marie Bruyaux
Temps de lecture 4 min.

El Niño, c’est quoi?

Cela ne fait maintenant quasiment plus aucun doute: El Niño, absent depuis plusieurs années, va faire son retour lors du deuxième semestre de 2023. Il s’agit d’un phénomène météorologique qui se traduit par une hausse de la température de la surface de l’eau, dans l’est du Pacifique. Il survient de façon cyclique mais irrégulière, tous les trois à sept ans, et provoque des catastrophes climatiques, en particulier des vagues de sécheresse et des précipitations supérieures à la normale. L’intensité maximale du phénomène arrive en fin d’année, d’où le nom El Niño, qui désigne l’enfant Jésus en espagnol.

Quels sont les risques?

Ces trois dernières années, on avait eu droit à son homologue froid, La Niña, qui a tendance à faire baisser la température des océans. Mais le 13 avril dernier, la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) a émis une «vigilance El Niño». L’organisme américain estime à 62% les chances que le phénomène climatique se développe entre mai et juin, à 82% entre août et octobre et à près de 90% à l’automne. «Vous pouvez comparer cela à un pistolet chargé», explique Axel Timmermann, spécialiste du climat à l’université de Busan (Corée du Sud) au Guardian. «Le chargeur est plein mais l’atmosphère n’a pas encore appuyé sur la détente», ajoute-t-il.

Quelles sont les conséquences?

Au-delà de son effet réchauffant sur le climat mondial, El Niño a aussi des conséquences régionales très fortes, parfois positives mais aussi négatives. Il peut être la cause de sécheresse et de méga-feux, notamment en Amérique du Sud et en Australie, mais aussi de fortes précipitations en Amérique Centrale, en Californie, et au sud-est des États-Unis La problématique de la sécheresse concerne également le continent africain et une partie de l’Asie avec une potentielle baisse des rendements de l’agriculture et une hausse des risques de famine. Le phénomène peut aussi engendrer une mousson atténuée ou décalée en Inde, la multiplication de certains virus (choléra, dengue) mais aussi moins de cyclones dans l’Atlantique.

Un «super El Niño»?

Selon le Bureau australien de météorologie, certains modèles à long terme prédisent la possible apparition d’un «super El Niño» cette année. Par rapport au phénomène classique qui correspond à une augmentation de 0,8 degrés de la température du Pacifique équatorial, on passe à une augmentation d’au moins 2 degrés avec le «super El Niño». Qui dit températures plus élevées dit aussi plus de probabilités d’effets puissants et dévastateurs.

Mais ce phénomène ne se produit que tous les 10 à 15 ans. On n’en compte en effet que trois lors de ces 40 dernières années: en 1982-1983, 1997-1998 et 2015-2016. À l’heure actuelle, la NOAA estime qu’il y a 4 chances sur 10 pour qu’un «fort El Niño» se mette en place. Des prévisions aussi lointaines sont toutefois à prendre avec des pincettes. «Nous avons besoin de deux ou trois mois de plus pour avoir une idée plus fiable de ce qui va suivre», a affirmé Alvaro Silva, consultant à l’Organisation météorologique mondiale (OMM) auprès de Franceinfo le 30 avril dernier.

2023, l’année la plus chaude jamais enregistrée?

Le dernier phénomène de «fort El Niño», qui s’est produit en 2016, a fait de cette année la plus chaude jamais enregistrée (avec +1,23 ºC comparé aux niveaux préindustriels). Comme les effets du phénomène s’ajoutent à ceux du réchauffement climatique, l’année 2023 et peut-être 2024 -en fonction du temps de réaction du climat- pourraient bien être les nouvelles années les plus chaudes jamais enregistrées. À noter qu’on parle ici de la température moyenne globale, il n’est donc pas possible d’en déduire quoi que ce soit pour la Belgique.

Retrouve toute l’actu sur Metrotime.be