Les gratte-ciels vont-ils faire couler New York?

Les gratte-ciels n’en finissent plus de sortir de terre à New York. Au point que chaque année, la villes’enfonce un peu plus dans le sol. Alors les gratte-ciels peuvent-ils vraiment faire couler la Grosse Pomme?

par
T.W.
Temps de lecture 3 min.

À New York, les gratte-ciels sont surtout connus pour leur taille: 541 mètres pour le One World Trade Center, 426 mètres pour le 432 Park Avenue, un immense immeuble résidentiel de 96 étages, ou encore 381 mètres pour le mythique Empire State Building. On y pense moins souvent, mais ces tours énormes ont aussi un poids, et non des moindres.

New York est en train de couler

Dans une étude dont les résultats ont été publiés début mai dans la revue scientifique Earth’s Future, des chercheurs de l’Université de Rode Island se sont intéressés à la masse de tous les bâtiments de la ville de New York. Après des calculs savants, ils sont arrivés à la conclusion qu’ils pesaient 764 millions de tonnes. Cela aurait pu être un ‘fun fact’, un chiffre à retenir pour étaler ses connaissances devant ses amis et/ou pour briller dans les réunions de famille. Mais la réalité est bien moins amusante.

En effet, les scientifiques sont évidemment allés plus loin que ce chiffre. Ils ont pris en compte la nature des sols se trouvant sous les immeubles de Manhattan et ils ont modélisé le tassement provoqué par la masse de ces buildings. «Nous estimons le tassement pour des conditions de surface allant du socle rocheux aux sols mous afin de tenir compte des incertitudes liées à la géologie locale et aux styles de fondation», expliquent les auteurs de l’étude. Résultat: selon eux, New York s’affaisse d’environ 1 à 2 mm par an en moyenne.

Un défi mondial

Vous allez sans doute trouver cela anecdotique. Mais pour les scientifiques, ça ne l’est pas du tout. «New York est emblématique des villes côtières en expansion dans le monde entier qui sont observées en train de s’affaisser, ce qui signifie qu’il existe un défi mondial commun d’atténuation des risques d’inondation croissants», mettent en garde les chercheurs dans leur rapport.

Car parallèlement à cet affaissement, la ville côtière de plus de 8 millions d’habitants est menacée par le dérèglement climatique. Entre la montée des eaux et l’amplification des ouragans et des tempêtes, New York fait partie de ces villes menacées de disparition. Et ce n’est pas la seule. Selon le Forum économique mondial, plusieurs villes à travers le monde pourraient être partiellement ou totalement submergées à d’ici 2100. Jakarta en Indonésie et Dacca au Bangladesh pourraient disparaître suite à la montée du niveau des océans. Mais aussi des villes plus proches de chez nous comme Venise et Londres.

Jakarta, «la ville qui coule le plus rapidement au monde»

New York est loin d’être la seule ville qui «coule» et qui s’enfonce peu à peu dans la mer. La championne de ce triste record est la ville de Jakarta, la capitale de l’Indonésie. Surnommée la «ville qui coule le plus rapidement au monde», elle s’enfoncerait de 5 à 10 cm tous les ans. Dans certains quartiers, les bâtiments s’enfoncent de 10 à 15 centimètres par an. Certains experts estiment même que dans moins de 30 ans, en 2050, 95% des rues de la ville indonésienne seront sous l’eau. D’ici 2100, la ville qui compte 9,7 millions d’habitants pourrait devenir invivable. Le gouvernement a d’ailleurs pris les devants en déménageant la capitale. En 2019, les autorités ont décidé qu’elles allaient quitter Jakarta pour installer une nouvelle capitale davantage à l’abri de la montée des eaux sur l’île de Bornéo. Les premiers habitants sont attendus à Nusantara, la nouvelle capitale, dès l’an prochain. C’est la première fois, et malheureusement probablement pas la dernière, que le réchauffement climatique est explicitement invoqué pour justifier le déplacement d’une capitale.

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