Voici pourquoi les satellites sont une menace pour la nature

C’est un ennemi inattendu pour notre planète: les satellites. Selon une récente étude publiée dans la revue Nature, ils constituent «une menace mondiale sans précédent pour la nature.»

par
Marie Bruyaux
Temps de lecture 3 min.

Ce n’est pas une bonne nouvelle. Si l’on pense toujours que le principal ennemi de l’humanité est le réchauffement climatique, une autre menace plane: les satellites. Et notamment la pollution lumineuse qu’ils produisent.

Plus de 100.000 satellites en orbite en 2030

Actuellement, près de 10.000 satellites sont en orbite autour de la Terre. Et à l’horizon 2030, ils devraient être plus de 100.000 ! Selon l’Agence spatiale européenne (ESA), plus de 130 millions de débris flottent autour de notre planète, à moins de 2.000 km de nous.

La compétition mondiale pour le développement de constellations en orbite basse (moins de 2.000 km de la Terre), destinées à apporter de l’Internet très haut débit, fait rage. Aux États-Unis, Starlink, le projet d’Elon Musk, possède déjà 3.000 satellites en service, sur plus de 40.000 prévus à terme. Amazon, de son côté, veut mettre en orbite plus de 3.200 satellites (les premiers doivent être lancés cette année) dans le cadre de son projet Kuiper. Depuis le premier lancement en 2019, OneWeb, quant à lui, a déjà placé 618 satellites en orbite. L’Union européenne souhaite elle aussi développer son propre projet de constellation, baptisé Iris². Enfin, le gouvernement chinois envisage le lancement d’une constellation de 13.000 satellites. Sans compter l’Inde, la Russie et d’autres qui pourraient suivre le mouvement…

C’est quoi le(s) problème(s)?

1 Tout d’abord, les risques de collisions entre satellites augmentent. Si l’on ne dénombre que trois collisions dans l’histoire, 1.600 alertes sont enregistrées chaque semaine! Et qui dit collision, dit nouveaux débris qui, à leur tour, peuvent endommager d’autres engins.

2 Le deuxième problème est la pollution lumineuse que provoquent ces satellites. Certains sont très brillants, comme les premiers modèles Starlink de SpaceX. Cet excès de lumière va réduire d’ici à 2030 de 7,5% le nombre d’étoiles accessibles au grand observatoire Vera-C.-Rubin, actuellement en construction au nord du Chili, dans la partie du monde où le ciel est le plus sombre. Quelque 60% des clichés pourraient devenir inexploitables. «C’est l’un des patrimoines communs de l’humanité, celui qui la relie à la science, à l’art, à l’histoire de ses origines, qui est maintenant en danger», mettent en garde les astronomes dans la revue Nature. Les chercheurs pourraient en outre passer à côté de comètes ou d’astéroïdes géocroiseurs, potentiellement dangereux pour l’humanité. Les observations à l’œil nu seront également plus difficiles, et nous verrons davantage de points lumineux provenant des satellites.

3 Les astronomes estiment que l’économie spatiale est en plein essor, «au mépris de notre santé et de celle de notre environnement». La pollution lumineuse a en effet des effets sur notre santé. Elle perturbe le rythme circadien (l’horloge biologique), ce qui peut entraîner de la fatigue, du stress, de l’irritabilité ou encore des troubles de l’appétit. Dans le pire des cas, elle pourrait aussi augmenter les risques de cancer, de diabète ou de dépression.

4 Cette pollution lumineuse ne touche pas que les humains mais également la faune et la flore. La modification du cycle de la lumière affecte de façon très sensible la biologie des animaux. Elle altère leur vision et leur orientation, surtout celle des animaux migrateurs. La pollution lumineuse peut en outre inhiber la dormance des végétaux qui leur permet de survivre aux rigueurs de l’hiver.

«Nous avons été naïfs de croire que l’économie spatiale en plein essor se limiterait. Aujourd’hui, nous ne pouvons plus exclure l’idée d’interdire les mégaconstellations de satellites. Car si elle n’est pas arrêtée, cette folie deviendra de pis en pis», concluent les scientifiques.

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