Le Tour des Dentelles: une randonnée où règne la tranquillité

Le Vaucluse est plus qu’un pays de cocagne. Si vous laissez derrière vous l’agitation des villages, vous trouverez aux Dentelles de Montmirail un territoire de randonnée unique qui respire la paix et la tranquillité. Nous avons marché trois jours parmi les vignobles à l’infini, les villages rustiques et les vieilles ruines, avec notre fidèle compagnon de route: le mont Ventoux.

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Lien Delabie
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«Aujourd’hui, le sommet du mont Ventoux est encore dans le brouillard, mais ce sera notre phare dans les prochains jours», nous explique avec enjouement Pierre, notre guide, juste avant de démarrer notre randonnée de trois jours. Le Tour des Dentelles de Montmirail compte 59 kilomètres et nous emmène le long d’une série d’étroites falaises pointues qui, selon l’avis des uns ou des autres, ressemble à l’échine d’un dinosaure ou à de la dentelle. Notre point culminant se situera à la crête de Saint-Amand, à 730 mètres d’altitude. Même si Pierre nous assure que notre randonnée ne sera jamais un enfer, nous sommes tranquillisés par le fait que le mont Ventoux, point d’ancrage situé 1.200 mètres plus haut, veillera sur nous dans les prochains jours.

Des débuts magiques

Avant de prendre la direction de Séguret pour notre premier jour, nous devons revenir à la source. Littéralement! Vaison-la-Romaine doit son nom à une source consacrée au dieu celte Vasio. Ces eaux saintes ont servi de point de chute idéal pour, successivement, les Gallo-Romains et le comte de Toulouse, si bien que le village se compose aujourd’hui d’impressionnants sites archéologiques d’une part et d’un château comtal datant du Moyen-Âge de l’autre. Un pur village provençal. Nous faisons vite quelques provisions au marché hebdomadaire du mardi, avant de quitter les vestiges des villas romaines et de prendre de la hauteur via un sentier sinueux. Plus haut, près du château, les premières vignes marquent le début de notre randonnée.

Villages déserts et plantes

La plupart d’entre nous connaissent le Vaucluse pour ces charmants petits villages en pierre calcaire et les journées ensoleillées passées au bord de la piscine. En basse saison, lorsque les températures oscillent agréablement entre 15 et 20 degrés, la région se transforme en paradis du hiking apaisant. Pendant notre randonnée, nous nous étonnerons en permanence de découvrir les villages historiques aussi déserts. Il ne reste pratiquement rien des hordes de touristes. Et heureusement d’ailleurs, car cette tranquillité est la bienvenue pour notre séjour de randonnée.

Nous n’avons encore parcouru que notre premier kilomètre sur le sentier GRP quand Pierre brise le silence pour la première de nombreuses fois. «Vous voyez le cyprès là-bas, près de cette maison? Cela signifie que vous pouvez demander de l’eau à ses habitants. Deux arbres signifient que vous recevrez à boire et à manger, trois arbres que vous pourrez passer la nuit», explique-t-il. «Enfin, c’était le cas au Moyen-Âge, je ne m’y risquerais plus aujourd’hui!», ajoute-t-il avec une grimace. Dans les jours qui suivent, Pierre se transforme aussi plusieurs fois en botaniste qui nous fait goûter de la roquette sauvage, humer du calament, cueillir du thym parfumé et qui nous raconte des histoires hautes en couleur sur des voleurs qui ont utilisé de la rue, une plante médicinale, pour échapper à la peste. Dire qu’avant nous pouvions à peine dissocier un bouleau d’un chêne, et que maintenant Pierre nous fait apprécier la richesse du Vaucluse grâce à son enthousiasme passionné!

Diable et religieuses

Cette richesse se reflète également dans la diversité du paysage du Vaucluse, qui oscille constamment entre denses forêts de pins, vignobles étendus, rochers et collines escarpés. Il faut dire que pour son petit 59 kilomètres «Le Tour des Dentelles» a de quoi émerveiller. Tantôt avec le «rocher lunaire» de Beaumes-de-Venise, une formation rocheuse qui ne déplairait pas à Luke Skywalker, tantôt avec d’inattendus villages fantômes. C’est le Prébayon, les ruines d’un monastère qui accueillait des religieuses et date du VIIe siècle, niché dans une forêt de chênes dense, qui nous a le plus impressionnés. Sur le «pont du diable», il ne faut pas des trésors d’imagination pour se représenter le démon prêt à tenter les pieuses femmes du monastère.

Œnotourisme

Sous nos pieds aussi le sol change régulièrement. Pierre explique que cette région constitue un «sandwich» de calcaire, molasse et trias entre autres. La conséquence de plaques tectoniques et d’inondations datant de millions d’années. Des informations qui n’intéressent que les fans de National Geographic, me direz-vous, si ce n’est que ces sédiments sont un atout majeur de la Provence puisqu’ils ont permis la production de vins appréciés. Les vignobles situés sur notre circuit sont principalement consacrés au grenache et à la syrah: des vins pour lesquels nous faisons un détour d’un kilomètre sans nous faire prier. Si vous aimez le sucré, vous pouvez aussi faire un saut à Beaumes-de-Venise, le centre du muscat. Au XIVe siècle, le pape Clément VI buvait des litres et des litres de ce vin blanc fort et sucré. Nous ne pouvons pas lui donner tort…

Les trois jours du «Tour des Dentelles de Montmirail» sont accessibles à toute personne qui a un peu l’habitude de marcher: avec ses chemins bien balisés et ses dénivelés faciles à franchir, la marche est relativement aisée. Et avec le mont Ventoux vous avez une bonne boussole. Notre conseil pour le «Tour des Dentelles de Montmirail»? Parcourez-le en plus de trois jours pour prendre le temps de découvrir à votre propre rythme les fermes truffières, les vins de grenache et les petits pans de l’Histoire de France.

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