Paul Taylor, le Britannique qui se moque des étranges habitudes de nos voisins français: «Les Belges sont très sympas»

Dans son nouveau spectacle «So British ou presque», Paul Taylor, un Anglais vivant en France, tacle une nouvelle fois les Français en décortiquant avec son regard d’expatrié les habitudes de nos voisins d’outre-Quiévrain.

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(cd)
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Votre spectacle est à la fois en anglais et en français. Vous promettez qu’il ne faut pas un excellent niveau en anglais pour le comprendre, mais n’avez-vous pas peur d’exclure une partie du public?

«Si évidemment, c’est pour cela que j’ai mis un peu d’anglais dans la description du spectacle. Le spectacle est à 70% en français et à 30% en anglais donc il faut comprendre un minimum cette langue. Après l’anglais que j’utilise n’est pas très compliqué.»

On vous a connu grâce à des vidéos où vous vous moquiez des Français et de leurs habitudes comme la bise. À l’inverse, quelles sont les habitudes étranges des Britanniques?

«Je n’ai pas assez de temps pour toutes les dire, il y a en a tellement (rires). Mais en vrai, ce n’est que quand on va à l’étranger qu’on se rend compte que certaines choses que l’on fait habituellement ne sont pas du tout normales. C’est vraiment multiculturel. Comme les Espagnols qui mangent à 22h30 le soir. Nous, les Britanniques, on se dit que c’est cinq heures après notre repas.»

Les francophones sont souvent moqués pour leur niveau en anglais, comme expliquez-vous ce problème?

«J’ai plusieurs théories. La première que j’ai abordée dans mon premier spectacle est que les profs d’anglais sont nuls en France. La deuxième, c’est le côté arrogant des Français qui se disent qu’ils n’ont pas besoin d’apprendre une autre langue. Une troisième, celle à laquelle je crois le plus, c’est le côté doublage des films et des séries à la télévision. Par exemple au Portugal, où le niveau d’anglais est incroyable, il n’y a rien de doublé, tout est sous-titré. Ils sont donc habitués très jeunes à entendre un accent britannique ou américain. Et comme ils sont habitués très jeunes, ils ont moins de mal à le reproduire à l’âge adulte.»

Et à l’inverse, les Britanniques savent rarement bien parler une autre langue que l’anglais.

«S’il y a un peuple qui est le pire pour apprendre une autre langue, ce sont les Anglais. Même les Américains sont meilleurs pour apprendre une autre langue car il y a énormément de Latinos chez eux. Ils apprennent donc l’espagnol assez vite. Pour le coup, chez nous, c’est parce que les Anglais se disent que leur langue est la langue du monde. Pourquoi en apprendre une autre si tout le monde peut me répondre en anglais? Sauf que c’est un peu con de réfléchir comme ça.»

Votre famille et vos amis comprennent votre spectacle?

«C’est intéressant parce que mes amis anglais ne comprennent pas du tout le français. Une fois, j’ai joué le spectacle à Londres et je les ai donc invités avec leurs copines qui ne parlent pas français non plus. Et même si le spectacle est à 70% en français, ils m’ont dit qu’ils avaient compris la majorité de ce que je racontais, notamment grâce à la gestuelle ou à certains mots qui se ressemblent, comme ‘information’. Grâce à cela, ils ont pu comprendre la partie française du spectacle. Pareil avec ma mère qui ne parle pas du tout français. C’est pour ça que je dis que les gens qui ne parlent pas anglais peuvent comprendre ce que je raconte.»

Vous recevez des messages de gens qui se plaignent de votre humour et de vos piques envers les Français?

«Oui, il y en a plein. C’est pour cela que ma bio sur les réseaux sociaux c’est: ‘je me moque des Français et soit ils adorent, soit ils me disent de retourner dans mon pays de merde’. Mais oui, j’ai parfois des messages de haine de gens qui ne sont pas d’accord avec ce que je raconte. Même si, évidemment, il faut le prendre au second degré. Si je me moque des Français, ce n’est pas parce que je les déteste, c’est parce que je les aime.»

Connaissez-vous des clichés sur la Belgique?

«Ça, c’est intéressant! J’ai fait une série documentaire sur Canal + sur les stéréotypes dans plusieurs pays et Canal voulait absolument que je fasse un épisode sur la Belgique. Et moi, j’ai refusé car je voulais que le programme soit plus international. C’est-à-dire que les stéréotypes que les Français ont sur les Belges ne sont pas du tout les mêmes que ceux des Anglais. Il y a notamment ce truc négatif qui veut qu’il y ait beaucoup de pédophilie en Belgique. Mais chez nous, en Angleterre, on n’a pas du tout ce stéréotype. Nos stéréotypes sont plus basés sur la nourriture, les gaufres, la bière, le centre de l’Europe administratif, multilingue, et ce clivage entre les Wallons et les Flamands. Et, plus récemment, le fait que vous soyez très bons en foot.»

Étiez-vous déjà venu en Belgique avant vos spectacles?

«Oui, je me souviens très bien de mon premier voyage en Belgique avec l’école quand j’avais 11 ans. C’était un voyage historique pour voir les tranchées de la guerre. Sinon, c’est majoritairement pour les spectacles même si je suis venu en week-end avec ma femme il y a quelques années à Bruges parce qu’on avait adoré le film ‘Bons Baisers de Bruges’. On était venus pendant quelques jours et on a adoré la ville.»

Les Belges vous ont-ils marqué d’une manière ou d’une autre pendant vos séjours?

«Non, je trouvais juste ça agréable d’être dans un pays francophone où les gens sont sympas (rires). J’ai tellement l’habitude de Paris… Dans le reste de la France, les gens sont sympas mais à Paris tout bouge tellement vite. Les gens peuvent être très désagréables au premier abord même s’ils sont finalement chouettes. On a l’impression de déranger tout le monde ici alors qu’en Belgique, les gens sont très sympas. Surtout avec un Anglais qui boit beaucoup de bières.»

Aujourd’hui, votre cœur est plutôt britannique ou français?

«C’est une bonne question. En fait, je me sens un peu comme l’étranger partout où je vais. Si je rentre en Angleterre, je trouve des choses bizarres, et en France je crois que je serai toujours l’étranger. Je dirais que mon cœur est partagé entre plusieurs endroits: la France, l’Angleterre, l’Irlande car ma mère est Irlandaise, et le Québec où j’ai un peu vécu et que j’adore.»

N’est-ce pas trop dur de se sentir comme un étranger partout où vous allez?

«Il y a des moments où ça peut être vraiment dur. Après, je sais que l’herbe est toujours plus verte ailleurs. Je me dis qu’il y a des gens qui estiment que ça doit être une chance d’avoir vécu dans plusieurs pays et d’avoir cette multi culturalité. Il y a vraiment des avantages et des inconvénients même si des fois, en effet, je ne sais pas où je me situe.»

«So British ou presque», le 7 octobre à la Madeleine.

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