Pourquoi c’est important de protéger les «forêts bleues» de la Méditerranée

Les «forêts bleues» seraient plus efficaces que les arbres d’Amazonie face au changement climatique.

par
ETX
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Sur le pourtour méditerranéen, «seuls trois pays, la France, l’Espagne et la Croatie, ont des réglementations interdisant l’ancrage» des bateaux sur l’herbier de posidonie, alors que les ancres peuvent arracher des pans entiers de ces «forêts bleues», selon Catherine Piante, responsable de la planification de l’espace marin au Fonds mondial pour la nature (WWF) France.

Nurseries pour les poissons, protection contre l’érosion, mais aussi puits de carbone, ce gaz à effet de serre parmi les principaux responsables du réchauffement climatique: ces herbiers, qui couvrent «entre 2 et 2,3 millions d’hectares en Méditerranée», sont «à protéger absolument» puisqu’« entre 10 et 30% de la posidonie a disparu sur la zone depuis un siècle », a-t-elle expliqué.

Quatre fois plus de CO2

«La posidonie n’existe qu’en Méditerranée et est aujourd’hui la façon de capter du CO2 la plus performante au monde », a précisé le député européen François Alfonsi, à l’origine, avec la collectivité de Corse, d’une réunion de plusieurs acteurs du Réseau méditerranéen de la posidonie à Ajaccio au début du mois. «On capte quatre fois plus de CO2 par un hectare de posidonie que par un hectare de forêt amazonienne, et 15% des émissions de CO2 de la Corse sont captées par les herbiers qui entourent l’île», selon l’élu.

Créé en 2019 à Athènes, à l’initiative de la France et de l’Espagne, à l’issue d’un colloque européen sur l’impact des ancrages des navires, ce «Mediterranean Posidonia Network» réunit une soixantaine de membres dont l’Union européenne, 12 des 21 pays du pourtour méditerranéen et les principales organisations internationales de protection de l’environnement. Coordonné par l’Office français de la biodiversité (OFB), ce réseau a un objectif affiché: «Avoir une protection de 100% de l’herbier d’ici 2030», a expliqué Frédéric Villers, chargé de mission de l’OFB.

Des bouées contre les ancres

«L’idée est d’avoir une connaissance complète de la présence de l’herbier en Méditerranée et des pressions qu’il subit, et ensuite de mettre en place des mesures pour le protéger», résumait-il, avec pour priorités de «compléter la cartographie», «mettre en place rapidement des bouées (NDLR: pour que les bateaux puissent s’amarrer sans jeter l’ancre) dans les pays qui en ont le plus besoin» et «avoir une réglementation homogène d’un pays à l’autre». « La Corse héberge 66% de la posidonie de la façade méditerranéenne et a été un grand précurseur dans l’étude de (cette flore), avec la première cartographie d’une région entière, dès les années 1990», a souligné Catherine Piante.

Les Baléares, ces îles qui recensent 50% des herbiers de toute l’Espagne, ont elles aussi été précurseures.

«Concrètement, on a fait une cartographie exhaustive de tous les herbiers avec une distinction entre ceux de haute qualité environnementale, qui sont totalement protégés, et ceux de qualité inférieure, où l’activité de mouillage est possible avec des amarrages par bouée», a ainsi expliqué Antoni Vicens i Vicens, directeur chargé des relations extérieures pour le gouvernement autonome des Baléares, détaillant l’action menée depuis 2018 pour protéger cet «écosystème unique en Méditerranée».

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