Réchauffement climatique: quels sont ces arbres qui pourraient aggraver la pollution de l’air?

Selon une nouvelle étude américaine, l’augmentation globale des températures est susceptible de multiplier par dix la production d’un composé organique volatil sécrété par certains arbres comme les chênes et les peupliers. Problème: ce composé amplifie la mauvaise qualité de l’air.

par
ETX
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Les arbres représentent l’un des plus puissants puits de carbone de la planète. Mais si les températures globales continuent d’augmenter, certains pourraient au contraire contribuer à la mauvaise qualité de l’air. C’est la conclusion d’une nouvelle étude de l’université de l’État du Michigan (États-Unis), publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Science. Plus précisément, ces arbres seraient susceptibles d’émettre de l’isoprène, deuxième hydrocarbure le plus relâché dans l’atmosphère après le méthane. L’isoprène est naturellement présent dans les plantes pour les aider à résister aux insectes nuisibles et aux températures élevées. Mais produit en trop grandes quantités, il peut entrer en contact avec les oxydes d’azote provenant de la pollution générée par les moteurs des voitures et par les centrales électriques au charbon, ce qui a pour effet d’aggraver la pollution atmosphérique.

Les scientifiques se sont basés sur un postulat déjà connu selon lequel l’augmentation de CO2 dans l’atmosphère fait baisser le taux de production d’isoprène, tandis que la hausse des températures l’accélère. La question était donc de savoir lequel de ces deux effets serait susceptible de prendre le dessus.

L’isoprène, comme une traînée de poudre

«Nous avons cherché un point de régulation dans la voie de biosynthèse de l’isoprène en présence d’un taux élevé de dioxyde de carbone», explique Abira Sahu, autrice principale du nouveau rapport. En se basant sur des plants de peuplier, son équipe a observé une diminution de 42% de l’émission d’isoprène lorsque les feuilles étaient exposées à une concentration élevée de CO2. Mais lorsque la température atteint 35ºC, il n’y a pratiquement plus de suppression du CO2. «L’isoprène se répand comme une traînée de poudre», note Abira Sahu. «Grâce à cela, nous pouvons dire que l’effet de la température l’emporte sur l’effet du CO2 », ajoute Tom Sharkey, professeur à l’université du Michigan. Les chercheurs ont par ailleurs constaté que lorsqu’une feuille subissait un réchauffement de 10ºC, son émission d’isoprène était multipliée par plus de dix.

Éviter l’abattage

L’étude précise que cette augmentation des taux d’émission d’isoprène par les plantes liées à des températures atmosphériques élevées s’observe aussi bien dans les serres que dans la nature. Les auteurs de ces travaux espèrent que cette nouvelle donnée aidera les scientifiques à mieux anticiper la quantité d’isoprène que les plantes émettront à l’avenir, par exemple en plantant moins de chênes ou de peupliers. Mais surtout en contrôlant la pollution produite par les oxydes d’azote, afin d’éviter l’abattage des arbres qui émettent déjà (trop) d’isoprène.