Badi parle de soleil et d’Afrique dans «Moyi»: «Je suis un peu un porteur d’espoir»

Rappeur bruxellois de son état, Badi est le seul artiste belge à avoir enregistré deux COLORS session. Metro l’a rencontré pour la sortie de son nouvel album «Moyi», qui sera disponible le 14 avril. Entre musique, inspirations et confidences, voici Badi comme vous ne l’avez jamais vu.

par
Charlotte Denis
Temps de lecture 5 min.

EN VRAI

Tu as fait deux Colors Session avec tes titres «Kitendi» et «Mauvaise ambiance». C’est assez rare, non? Comment as-tu vécu l’expérience?

«À la base, on partait pour un seul morceau et ils m’ont proposé d’en faire un deuxième. C’était une vraie surprise de pouvoir faire deux morceaux et c’était génial car ça nous a permis de bien présenter le projet avec deux ambiances différentes. C’était vraiment une chouette expérience et ça a fait le tour du monde.»

Donc ça a eu un réel impact sur ta carrière?

«Oui vraiment. Ça m’a ouvert des portes au Chili, en Afrique, un peu partout.»

Tu mélanges pas mal de styles et de genres musicaux. Comment définirais-tu ta musique?

«J’aime bien dire que je fais du ‘Badi’, tout simplement. Je crois qu’il y a trois ingrédients dans ma musique. Il y a du rap car je viens du rap et je reste un rappeur. Il y a aussi de la rumba congolaise, de la musique africaine. Et j’ai grandi avec la musique populaire, de la variété française, anglaise et américaine. Et ça se retrouve aussi dans ma musique. Ce sont ces trois éléments réunis qui donnentdu relief à ma musique».

Il parle de quoi ce nouvel album?

«Il parle de soleil. ‘Moyi’ c’est la lumière, le soleil en Lingala. Je trouvais qu’appeler cet album ‘Soleil’, ne suffisait pas, je voulais faire une référence à mes origines. Cet album est une journée, chaque titre est associé à une heure. Il reprend toutes les émotions qu’on peut ressentir en une journée: de la joie, de la tristesse, des envies de danser…»

On the move

Tu parles beaucoup de métissage et de diaspora dans cet album. Qu’est-ce que ça signifie?

«Ça signifie beaucoup de choses. Mes parents viennent du Congo et mes origines sont importantes pour moi. Je suis aussi bruxellois et Bruxelles est une des villes les plus cosmopolites au monde. Mes enfants ont des amis qui viennent aussi bien d’Italie, de Pologne, que de Guinée. Cette richesse me nourrit.»

Tu es né en Belgique et tu y as toujours vécu. Retournes-tu souvent à Kinshasa?

«J’ai découvert Kinshasa adulte, en 2013. À l’époque, je me posais des questions par rapport à ma carrière et à la tournure que j’avais envie de prendre. Je voulais mélanger les bases de hip-hop que j’avais acquises avec quelque chose de plus personnel. Ce premier voyage était un peu initiatique. Je cherchais à m’inspirer mais aussi à être crédible. J’avais envie de parler de l’Afrique mais je ne me voyais pas en parler sans l’avoir vécue. Après ça, j’y suis retourné le plus souvent possible. Kinshasa et l’Afrique en général sont importantes pour moi.»

Lifestyle

Tu es père de cinq enfants. Comment arrives-tu à allier vie privée et vie professionnelle?

«Ça commence tôt. Je vais déposer le petit dernier à l’école puis j’enchaîne avec le travail: des ateliers d’écriture, de la production de sons, des répétitions… Dans une journée, j’ai plusieurs journées, il y a des coupures entre ma vie professionnelle et ma vie privée. Ça fait de longues journées.»

Tes chansons traitent souvent de sujets tristes sans être déprimantes. Tu restes positif et donnes espoir. Dirais-tuque tu esde natureoptimiste?

«Je suis quelqu’un de très optimiste. Mais j’essaie d’être le plus réaliste possible aussi. Je sais que la vie peut être dure, triste et j’avais envie d’en parler. Mais je sais aussi qu’au final, on retourne toujours vers la lumière. C’est un peu pour ça que j’ai appelé mon album ‘Moyi’. Quelle que soit la durée de la nuit, le soleil apparaît. Avec ma musique, je suis un peu un porteur d’espoir.»

Selfcare

Tu as vécu un événement assez traumatisant quand tu étais petit, ton père a reçu un avis d’expulsion. Comment se remet-on de ce genre d’expérience?

«On ne s’en remet pas vraiment parce que c’est quelque chose de marquant. Mais j’étais petit, je devais avoir cinq ou six ans donc je ne me suis pas vraiment rendu pas compte de ce que c’était. C’est plus tard, que j’ai réalisé. Quand j’ai commencé à y réfléchir, j’ai compris que je ne pouvais pas garder ça à l’intérieur. J’ai donc réalisé un court-métrage sur le sujet et j’en ai parlé publiquement. Ça m’a permis de me connecter à beaucoup de gens qui sont passés par là. Je voulais mettre la lumière sur ceux qui vivent cette situation. Tu peux être né en Belgique, y avoir grandi mais, pour des raisons administratives, ne pas avoir de papiers.»

Fashion

Comment définirais-tu ton style vestimentaire?

«On me dit souvent que j’ai un style un peu particulier. J’aime bien le terme ‘retro-futur’. J’aime bien les habits un peu old school mais mis au goût du jour. J’ai d’ailleurs créé ma propre marque: BANXV.»

Tu as un Fashion faux pas?

«Mon personal shopper est ma fille de 13 ans. Elle me dit quoi mettre et fait attention à ce que je ne fasse pas de faux pas. Mais je me rappelle que quand j’étais plus jeune, j’avais un training Lacoste jaune canari et ça, c’était un fashion faux pas.» (rires)

WTF

Quelle est la chose la plus dingue que tu aies faite?

(réfléchit) «J’ai fait un Covid long et je devais faire un concert. Je ne voulais absolument pas le rater donc je l’ai fait, malade et sans voix. Et le public était en folie! J’ai eu la chair de poule d’être ainsi porté par 600-700 personnes. Cette journée était incroyable et m’a ouvert plein de portes.»

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