Jain de retour après cinq ans d’absence: «J’ai l’impression de pouvoir plus me mettre à nu»

Cela faisait cinq ans que l’on avait plus trop entendu parler de Jain, mais la chanteuse française est bel et bien de retour. La jeune femme a pris le temps de se ressourcer du côté de Marseille, où elle a écrit «The Fool», un troisième album beaucoup plus intimiste que par le passé. Nous avons rencontré Jain pour lui parler de cosmique, de tarot marseillais, et de musique.

par
Sébastien Paulus
Temps de lecture 5 min.

En vrai

Salut Jain, ça faisait longtemps qu’on ne t’avait plus vue sur les devants de la scène. Tu avais besoin d’un break?

Jain : «Oui je pense que c’est ça. J’ai écrit mon deuxième album alors que j’étais en pleine tournée pour présenter le premier, donc tout s’est enchaîné très vite. Je n’ai pris aucune pause et je me suis rendu compte durant la tournée que je n’arrivais plus à donner l’énergie que je voulais donner au public. À la fin de cette tournée, j’ai même fini par annuler des dates car je ne me sentais plus dans de bonnes conditions pour les honorer.»

Ça me fait immédiatement penser à ce qu’a vécu Stromae il y a peu…

«Je ne sais pas exactement ce qui se passe pour lui, chaque artiste est différent. Mais c’est sûr que la tournée et la musique, ce sont deux choses très prenantes. J’espère surtout qu’il va bien, mais c’est sûr qu’il faut faire attention à soi avant le reste. C’est en tout cas pour ça que j’avais annulé mes dates.»

Est-ce que cela change les choses dans l’écriture d’avoir pris beaucoup plus de temps pour écrire «The Fool», ton troisième album?

«‘The Fool’ m’a permis de me poser beaucoup plus de questions. J’ai pu me demander quelle artiste je voulais être, qu’est-ce que je voulais proposer aux gens, par quels artistes je me suis laissé influencer, etc. Cette histoire a été artistiquement différente des deux albums précédents, et ça me tenait à cœur.Je ne voulais pas être un remake de ce que j’avais déjà fait auparavant.»

Tu as sorti des véritables hymnes comme «Makeba», «Alright» ou «Come». Dans «The Fool», on ressent moins ce côté tubesque des morceaux. Était-ce calculé de ta part?

«Pas spécialement, j’avais juste envie de changer de style. C’est un album beaucoup plus introspectif et je l’ai écrit dans des circonstances totalement différentes. Je me suis isolée à Marseille avec ma guitare et je suis retrouvé comme quand j’étais ado, à écrire sur mon lit des chansons. J’ai eu l’impression de pouvoir plus me mettre à nu et de me raconter comme je ne l’avais jamais fait auparavant. C’est intime et j’avais envie que les gens le ressentent.»

On The Move

Avec «The Fool», tu emmènes les auditeurs dans une forme de voyage cosmique. Qu’est-ce qui t’intéresse là-dedans?

«L’album se base sur le tarot de Marseille, et chaque titre correspond à des cartes du tarot que j’ai moi-même dessinées. ‘The Fool’ correspond à un personnage qui regarde les étoiles et qui a une falaise devant lui. Il continue son voyage peu importe ce qui se passe devant lui et je me suis reconnue là-dedans. Et il s’avère qu’en plus, ma mère me tirait souvent les cartes et celle-ci revenait souvent, donc ça faisait sens d’appeler l’album de la sorte.»

On ressent une envie d’évasion…

«Clairement, j’avais envie d’emmener l’auditeur avec moi en voyage, surtout après le confinement que l’on a tous vécu. On ne pouvait pas bouger et je me suis donc naturellement tournée vers l’espace au moment de démarrer l’écriture de l’album.»

La ville de Marseille t’a-t-elle inspirée? Ou c’est plutôt le côté isolement qui a compté dans ta démarche?

«Un peu des deux. Je suis partie de France quand j’avais 9 ans, et je ne suis revenue qu’à 18 ans. Où que je sois allée, j’étais toujours proche de la mer donc j’ai toujours été inspirée par les horizons dégagés, ce que l’on retrouve à Marseille.»

Books

Tu as sorti une BDqui s’appelle «CityZen», et qui aborde la problématique de l’écologie sous le prisme de la fiction. Pourquoi en parler de cette manière?

«J’ai écrit cette BD avec ma sœur et on voulait parler d’écologie car c’est primordial en 2023. CityZen s’adresse plutôt à un public adolescent et on souhaitait donc que ça soit ludique. Se servir d’un cadre post-apocalyptique nous permet d’aborder des sujets essentiels comme la surconsommation, sans que ça soit barbant pour les lecteurs.»

Look Up

Cette BD est un peu l’histoire de la lutte entre intérêts privés et collectifs. C’est quelque chose qui te taraude?

«Évidemment. C’est super actuel et je me suis moi-même posé la question de ce que je peux faire en tant qu’artiste pour la collectivité. J’ai eu la chance de beaucoup voyager dans ma vie, et désormais je veux découvrir ce qui se trouve autour de moi. Je veux aussi être plus consciente de ma façon de consommer qu’auparavant.»

WTF

Quelle est l’expérience la plus cosmique que tu aies vécue?

«Je dirais justement que c’est l’écriture de cet album. Quand j’étais avec ma guitare et que je me trouvais face à la mer et face au ciel étoilé, ça avait un côté cosmique. Lorsque j’ai chanté ‘The Fool’ pour la première fois, il y a quelque chose qui s’est passé. Je me suis senti flotter, c’était une expérience particulière, mais géniale.»

En quelques lignes

Le retour de Jain, c’est une des très bonnes surprises de ce début d’année 2023. La chanteuse nous avait habitués à de véritables hymnes qui résonnaient dans toutes les têtes. «The Fool» est clairement beaucoup plus intimiste, mais pas moins qualitatif pour autant. Il s’agit là d’un véritable album-concept, dans lequel on ressent que la Française s’est beaucoup investie. Welcome back Jain, et continue de nous enchanter avec ta musique à la fois subtile et universelle.

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