SDM débarque dans le monde du rap avec « Ocho »: «Ça me démangeait de sortir cet album »

Après des années de travail dans l’ombre, SDM débarque finalement dans la cour des grands avec «Ocho». Le rappeur français, qui a pu compter sur le soutien de Booba, fait preuve d’une maturité impressionnante pour livrer au public, qu’il attend toujours de rencontrer, son premier album, qui oscille entre hits et collaborations léchées.

par
Sébastien Paulus
Temps de lecture 5 min.

Sortir son premier album, c’est toujours un événement, mais on sent que vous êtes très calme. Comment expliquez-vous cette sérénité?

SDM: «C’est un kiff total, mais d’une certaine manière, je le savais. On va plutôt dire que je suis rassuré, parce que j’étais conscient du travail que j’avais accompli. Travailler pour arriver à ses objectifs, cela fait partie des valeurs qui sont dans mon éducation et que l’on m’a inculquées. Quand j’ai eu envie de m’y mettre pour de vrai, ça a payé tout de suite. J’ai rencontré les bonnes personnes et voilà où j’en suis. Je suis super heureux de l’accueil du public.»

Vous avez enregistré plus de 40 sons pour l’album, mais vous en avez gardé que 16. Ils sont devenus quoi ceux que vous n’avez pas repris et comment avez-vous choisi ces 16 titres-là?

«Certains sont allés à la corbeille, certains autres méritent plus de travail donc je les garde pour la suite. Je suis quelqu’un de très perfectionniste, exigeant et dur avec moi-même. Parfois on me dit qu’un titre pourrait être un gros hit, mais je le jette à la poubelle parce qu’il ne me convient pas. Certains sons étaient prêts depuis maintenant plus de deux ans, donc ça me démangeait de les sortir, surtout quand je voyais que certains doutaient de moi.»

Vous démarrez l’album avec une intro qui vous permet de livrer très rapidement pas mal de choses sur vous, avec notamment une enfance difficile. C’était important de débuter en expliquant au public d’où vous venez?

«Bien sûr, je suis un artiste qui n’a pas encore pu rencontrer son public à cause de la Covid-19. Je n’ai pas encore fait beaucoup d’interviews, j’ai fait assez peu de concerts et on me connaît donc assez peu. Comme je n’ai pu jusqu’à présent m’adresser à eux que grâce à la musique, j’en ai profité pour livrer une part de mon histoire personnelle avec un son un peu plus profond, ça me tenait à cœur. Après je suis pressé d’aller à la rencontre de mon public, je suis excité comme un enfant.»

Vous dites que vous devez votre talent à la rue. Vous en parlez notamment dans «Keur Nwar». Qu’est-ce qu’elle vous a apporté et en quoi ça a influencé votre façon d’être un artiste?

«J’ai grandi sans mon papa. Donc l’homme que je suis aujourd’hui, mon caractère, je l’ai forgé moi-même, en étant dans la rue. Y a des trucs que ma mère ne pouvait pas nous apporter, et la rue a été là pour m’apprendre à devenir un bonhomme. Personne ne remplacera jamais une figure paternelle, mais on peut dire que j’y ai trouvé beaucoup de grands frères. Et maintenant j’essaie de rendre ce qui m’a été donné en étant présent dans la vie de ma cité, je garderai toujours un lien.»

Avant d’exploser avec «Jack Fuego» et la signature chez 92i, vous expliquez dans «Yakalelo» que vous en aviez marre de ne pas être écouté. Est-ce que vous avez pensé à laisser tomber le rap pour vous consacrer à d’autres choses?

«J’ai réellement pensé une fois à tout laisser tomber. Mais mon entourage a été là pour moi et pour me redonner confiance en moi. Ils m’ont rassuré en me disant que j’avais vraiment du talent et qu’il ne fallait rien lâcher. Je n’ai jamais aimé travailler pour un Smic. Donc c’était soit la musique, soit être dans la rue, ça passait ou ça cassait.»

Votre signature chez 92i vous a permis de rencontrer Booba. Quel rôle et quelle influence a-t-il eu sur votre carrière, et puis sur cet album?

«Booba, c’est avant toute chose un ami que je me suis fait au fil des mois et on se parle souvent de tout et de rien. Son rôle sur l’album, ça a été de m’aiguiller un petit peu sur le choix des chansons, de me faire quelques suggestions pour de légères modifications, un peu comme un directeur artistique. Il m’a aussi donné des conseils au niveau de la posture que je devais avoir avec les gens et avec mon public, parce qu’on a des caractères assez similaires. Il m’a donné de l’assurance et m’a apporté son professionnalisme, pour résumer. Merci à lui!»

L’album s’intitule «Ocho». Qu’est-ce que ça veut dire?

«‘Ocho’, c’est un rappel à mon quartier: 100-8 (ocho), ça fait 92 et c’est de là que je viens. J’en ai fait un gimmick parce que ça sonnait bien. C’est devenu un état d’esprit qui incarne le groupe. Si tu écoutes du SDM, tu es dans le gang.»

En quelques lignes

Pour un premier album, on peut dire que SDM n’a pas fait les choses à moitié. L’artiste semble d’une sérénité impressionnante, mais on comprend pourquoi quand on écoute la qualité de son rap. Le flow est bien présent, le texte est bon et la production est léchée, ce qui donne à l’auditeur un album très agréable à écouter. Reste à savoir ce que donnera le jeune Français sur scène, mais nul doute qu’il a toutes les qualités pour devenir un nom important de cet univers musical.