Comment la musique emo est étrangement revenue à la mode

Les vingtenaires et les trentenaires sont de plus en plus nostalgiques de la musique qu’ils écoutaient durant leur adolescence. Cet attrait pour les années 2000 contribue à la résurgence de l’emo, ce dérivé du punk. De quoi faire les choux gras des groupes emo emblématiques mais aussi d’artistes plus jeunes, qui voient dans ce style musical l’expression cathartique du mal-être de la jeunesse.

par
ETX
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Blink-182, Green Day, Sum 41, Simple Plan… Les noms de ces groupes semblaient oubliés depuis des décennies. Mais ils reviennent sur le devant de la scène, sous l’impulsion du retour en force de l’emo. Ce style musical a connu son apogée au début des années 2000, quand My Chemical Romance, Fall Out Boy, Panic! at the Disco et Paramore régnaient en maîtres dans les grands classements musicaux. Ses mélodies entraînantes et ses textes conscientisant les émotions lui ont permis de devenir un véritable succès commercial auprès des jeunes. Mais sa popularité a commencé à décliner dans les années 2010 quand des groupes emblématiques du genre se sont séparés ou ont changé de direction musicale.

Retour inattendu

On aurait alors pu croire l’emo mort, ou du moins cantonné à la scène underground. Mais c’est sans compter les élans nostalgiques des jeunes générations. Dans un monde en proie à des crises multiples, un grand nombre de jeunes adultes se réfugient dans la bande-son de leur adolescence pour adoucir les souffrances du présent. Ils se tournent particulièrement vers des musiciens emo qui, par leur sensibilité accrue, les ont aidés à traverser les vicissitudes de l’adolescence.

Le site Chartmetric s’est penché sur ce phénomène en analysant l’âge des followers de trois groupes emo - à savoir My Chemical Romance, The Used et Taking Back Sunday - sur Instagram. Il a constaté que la plupart de leurs fans ont entre 25 et 34 ans (49,5% pour The Used et 50% pour Taking Back Sunday). Mais étonnamment, une grande partie de leur public a entre 13 et 24 ans. Dans le cas de My Chemical Romance, cette tranche d’âge représente même 57,3% de leurs abonnés sur Instagram. C’est d’autant plus surprenant que ce public était très, très jeune quand ces groupes ont connu le succès.

Emo pop

Les réseaux sociaux y sont pour beaucoup dans ce rajeunissement des fans d’emo. Le hashtag #emo comptabilise 37,5 milliards de vues sur TikTok, et celui #emomusic 739,7 millions. Étant donné que la plateforme est l’une des principales sources de découverte musicale pour les moins de 30 ans, il y a fort à parier qu’un grand nombre de jeunes se sont familiarisés avec la musique emo par ce biais.

Cependant, le revival de ce style doit aussi beaucoup à des artistes très actuels. Taylor Swift s’est récemment associée au groupe emo Fall Out Boy et à Hayley Williams, l’ancienne membre de Paramore, pour réenregistrer son troisième album studio, "Speak Now". La superstar américaine a salué sur X (ancien Twitter) ces chanteurs emo qui l’ont, selon elle, "le plus influencé en tant que parolière" quand elle écrivait cet opus en 2010. Le style emo se fait également entendre dans le dernier disque d’Olivia Rodrigo, "Guts". Particulièrement dans le morceau "All-American B*tch", un hymne pop-punk dans lequel la pop star évoque les difficultés d’être une jeune femme dans nos sociétés. "Je connais mon âge, et j'agis comme tel/J'ai ce à quoi on ne peut résister/Je suis la parfaite Américaine", chante-t-elle sur une mélodie rock.

Vague d’emo-rappeurs

La culture emo ne s’acoquine pas uniquement avec la pop pour s’offrir une nouvelle jeunesse. Elle se lie de plus en plus avec le hip-hop et le rap. Ces deux mondes se sont rencontrés pour la première fois dans les années 2010 avec la génération "Soundcloud", portée par des rappeurs comme Lil Peep, XXXTentacion et Juice WLRD. Lil Uzi Vert, 21 Savage, $uicideBoy$, Bones et Zubin font également partie de cette vague d’emo-rappeurs, qui exorcisent leurs démons dans des morceaux aux influences hip-hop et rock. La preuve, s’il en fallait encore une, que la musique est là pour rester.

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