Voici l’impact du phénomène El Nino dans notre assiette

Plusieurs aliments seront impactés par le phénomène El Nino.

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Les céréales, le sucre, l'huile de palme et les agrumes... Voilà quelques exemples des aliments dont la production devrait être impactée par le phénomène climatique El Nino. Pour les consommateurs, les conséquences seront directes avec une hausse des prix en 2024, dans un contexte économique déjà tendu par l'inflation.

Le cacao

Du jamais vu depuis 2015 ! Le cours du cacao a atteint un niveau historique en juin dernier, avec le prix de la tonne qui a littéralement flambé, de l'ordre de 25% depuis le début de l'année. Selon le cabinet de data S&P Global Commodity Insights, les stocks de cacao doivent tomber à des niveaux inhabituellement bas, si l'on en croit les déclarations partagées par l'un de ses analystes à la chaîne de télévision américaine CNBC.

La dynamique n'est pas près de s'arrêter en raison des inondations et de l'humidité qui attaquent les cacaoyers de la Côte d'Ivoire, qui assure 40% de la production mondiale de cacao. Dans le même temps, la sécheresse dans d'autres parties d'Afrique de l'ouest empêche les arbres de fournir assez de cabosses.

Soja, café, orange, canne à sucre

Il y a quelques jours, le leader mondial de l'assurance-crédit qui évalue les risques commerciaux, Coface for Trade, a publié une analyse très concrète à propos de la façon dont notre assiette pourrait être touchée. Il faut évidemment mesurer les conséquences climatiques sur les plus gros producteurs, comme le Brésil pour bien saisir les enjeux. Ainsi, on peut craindre une baisse des rendements de la canne à sucre, du soja, du café et de l'orange produits par le Brésil, producteur numéro un de tous ces indispensables du quotidien.

Pomme de terre, huile de palme, riz, colza, orge

L'Inde aussi devrait être impacté, ce qui devrait peser sur sa production de pommes de terre, de riz, de blé et de canne à sucre. En ce qui concerne l'Indonésie, le phénomène El Nino devrait provoquer une baisse de la production d'huile de palme et de riz tandis que les marchés australiens d'orge et de colza seraient touchés. D'ailleurs, le journal professionnel France Agricole rapporte une baisse potentielle de 30% de la récolte du blé et de l'orge au pays des kangourous pour la saison 2023-2024, citant les prévisions du ministère de l'Agriculture australien.

Pour le consommateur, la répercussion la plus visible sera logiquement l'augmentation des prix en 2024. "L’exemple du Sud-Est asiatique en est une bonne illustration. Les épisodes El Niño de ces 20 dernières années ayant été synonymes de pressions inflationnistes sur les denrées alimentaires dans la région. Le riz, qui représente 60% de la consommation domestique de céréales dans la région, est ainsi très vulnérable aux effets d’El Niño, alors que sa culture très gourmande en eau devrait souffrir de niveaux de pluviométrie. Or, le poids du segment alimentaire dans les indices des prix à la consommation régionaux est très significatif (environ 40%), laissant craindre une poussée inflationniste à moyen terme", explique Coface for Trade.

El Nino, qu’est-ce que c’est?

Ces conséquences qui peuvent paraître contradictoires sont les effets d'un seul et même phénomène : El Nino. C'est le petit nom donné à une manifestation climatique qui revient en moyenne tous les deux à sept ans et prend son origine dans les eaux du Pacifique équatorial, au large de l'Amérique latine. Celle-ci se constate par une hausse de la température moyenne de la planète. On ressent d'autant plus ces conséquences que la planète était sous l'influence de l'exacte opposition d'El Nino, La Nina, qui entraîne un refroidissement des eaux dans cette partie du Pacifique.

Selon l'Organisation météorologique mondiale, on peut craindre "une augmentation des précipitations dans certaines parties du sud de l’Amérique du Sud, du sud des Etats-Unis, de la Corne de l'Afrique et de l’Asie centrale", mais aussi "de graves sécheresses en Australie, en Indonésie, dans certaines parties du sud de l’Asie, en Amérique centrale et dans le nord de l’Amérique", ou encore fournir des "ouragans dans le centre et l’est de l’océan Pacifique".

Le phénomène El Nino a démarré voilà plusieurs mois, et cela a été confirmé par l'OMM. Alors que l'épisode doit se poursuivre au cours du second semestre, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) se tient prête depuis le printemps dernier. "L’Afrique australe, l’Amérique centrale, les Caraïbes et certaines parties de l’Asie sont particulièrement préoccupantes, car un certain nombre de pays de ces régions sont déjà confrontés à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë. D’autant que les principales saisons de culture tombent dans les schémas météorologiques El Niño typiques de conditions plus sèches. Les zones septentrionales de l’Amérique du Sud sont également menacées par une sécheresse potentielle, tandis que l’Australie connaît normalement des précipitations réduites" écrivait la FAO dans un rapport publié fin avril.